« Je mange et je bois, donc je suis »

Si vous êtes accro à Facebook, vous aurez sans doute aperçu Jean-Luc Corboz qui partage très régulièrement ses aventures gastronomiques avec les internautes. À tel point que cela a titillé notre curiosité. Mais qui est donc ce Corboz ? Aurait-il par hasard gagné à la loterie pour s’offrir tant de belles tables et de si magnifiques crus ? Nous lui avons donné rendez-vous à Morges, dans un tea-room, quelques jours avant la fermeture des établissements qui a mis un coup d’arrêt à ses dégustations automnales de gibiers en tous genres. Interview.

Monsieur Corboz, en vous suivant sur Facebook, on se dit que vous avez gagné à la loterie. Il faut avoir un portemonnaie bien garni pour s’offrir toutes ces tables ?
Jean-Luc Corboz : Je serais ravi d’avoir décroché le gros lot, mais non ! Avec mon épouse, nous partageons la même passion de la gastronomie. Et comme nous n’avons pas d’enfants, nous pouvons nous permettre de nous faire plaisir.

Est-ce que votre profession vous relie à la gastronomie ?
J.-L. C. : Pas vraiment. Mon rêve de gosse était de devenir mécanicien sur locomotive. Mon papa était chef de train, et mon parrain chef de gare à Noiraigue. J’ai naturellement suivi les rails familiaux.
J’ai effectué la plus grande partie de ma carrière comme agent de mouvement ferroviaire. Je suis en quelque sorte un petit chef de gare. Mais j’ai décidé récemment de faire une pause et pourquoi pas de me lancer dans un projet autour du vin.

Le train, le vin et la gastronomie, quel est le lien ?
J.-L. C. : Le train, c’est le voyage. Avec mon épouse nous avons beaucoup voyagé. Dans tous les pays où nous nous sommes rendus, nous nous sommes intéressés à la culture de la vigne et à la vinification, comme en Californie, en Nouvelle-Zélande, et même en Thaïlande et à Tahiti. De plus, j’ai suivi une formation à Changins sur le commerce des vins en bouteille et les boissons distillées. Pour ce qui est de la gastronomie, j’ai eu la chance de m’y initier chez Wenger au Noirmont où j’ai aussi beaucoup appris sur l’œnologie avec le sommelier de l’époque Christophe Menozzi. 

Vous êtes plutôt mono-cépage ou assemblage ?
J.-L. C. : Mono-cépage, sans hésiter. Je suis un fan de Chasselas et de Pinot noir. J’aime aussi beaucoup le Merlot. Avec le temps, je n’aime plus trop les vins boisés comme les Bordeaux. Je possède une cave de quelque 500 crus.

Et le cholestérol et le foie, pas de soucis ?
J.-L. C. : (rire). J’ai un petit peu trop de cholestérol, mais rien de grave. Quant à l’alcool, je suis très raisonnable. Je ne bois pas tous les jours. Je prends soin de moi. Avec mon épouse, nous faisons de longues balades quotidiennes dans la nature. Nous marchons en moyenne 50 km par semaine. Et nous mangeons au restaurant en principe le midi, c’est mieux pour la digestion.

Vos chefs et tables préférés en Suisse romande ?
J.-L. C. : Il n’y en a beaucoup et j’ai peur d’en oublier. Dans le désordre : Didier De Courten, Franck Giovannini, Guy Ravet, Damien Germanier, Marie Robert, Mathieu Bruno, Denis Martin, Jean-Yves Drevet, Philippe Chevrier, Carlo Crisci, Jérémy Desbraux, Grégoire Antonin… Il y a aussi tout plein d’établissements plus simples dans lesquels nous avons eu beaucoup de plaisir comme Le Petit Corbeau à Chavornay, Le Grütli à L’Isle, Le Petit Manoir et In Vivo à Morges, L’Auberge à Yens, La Vieille Auberge à Valeyres-sous-Rances… 

Un souvenir qui vous a marqué ?
J.-L. C. : J’ai eu l’immense honneur d’être invité cette année à l’intronisation de Guy Ravet à la présidence des Grandes Tables de Suisse. Ce fut une chance extraordinaire de côtoyer de très grands chefs. J’en ai profité pour faire quelques selfies.

Propos recueillis par Manuella Magnin