A Fribourg les patentes de restaurants stagnent

A l’occasion de ses assises annuelles à Estavayer-le-Lac, GastroFribourg, organisation patronale de l’hôtellerie et de la restauration, s’est penchée sur l’évolution de la profession et des modes de consommation dans le canton de Fribourg. Sa présidente, Muriel Hauser, a présenté, à cette fin, des statistiques fort éloquentes. 

Durant les vingt dernières années, à savoir entre 1997 et 2017, l’évolution des patentes a suivi une courbe à peu près similaire à celle de la population du canton de Fribourg. Tandis que l’on recensait durant cette période quelque 340 patentes supplémentaires, ce qui représente une augmentation de 26%, l’accroissement démographique était de 36%. On peut donc en inférer que la suppression de la clause du besoin en 1997 n’a pas entraîné de prolifération des établissements publics, comme d’aucuns le pensaient. Intéressante également est l’évolution des différents types de patentes. Entre 2014 et 2017, le nombre des patentes ordinaires (café, restaurant, bar, hôtel) n’a augmenté que de 0,8%, tandis que l’augmentation était de 20% pour les patentes dites accessoires, à savoir les patentes G (commerce d’alimentation, take-away), T (traiteur) et V (food trucks). Concernant lesdites patentes, la patente V, introduite au 1er janvier 2017 pour encadrer l’activité des cuisines ambulantes, a fortement contribué à cette évolution puisqu’on en a dénombré 28. GastroFribourg se félicite que la patente V ait permis d’instaurer une égalité de traitement et d’éliminer ainsi une certaine forme de concurrence déloyale. Que disent ces statistiques? Que les modes de consommation ont évolué et que la restauration rapide ou sur le pouce gagne inexorablement du terrain sur la restauration classique, secteur où l’on constate une stagnation. 

La nuit

Quant au monde de la nuit, le dépôt de la motion Collaud/Gapany au Grand Conseil lui vaut un regain d’actualité. Entre 2013 et 2017, le nombre total des patentes d’établissements de type nocturne est passé de 36 à 90 (+150%). La patente B+, créée en 2013, qui est octroyée par les districts et permet l’ouverture d’un établissement public jusqu’à 3 heures du matin le vendredi et le samedi soir, est à elle seule responsable de cette évolution (+53 nouvelles patentes B+). 

GastroFribourg est d’avis que le monde fribourgeois de la nuit devrait être soumis à une nouvelle analyse, afin que la législation réponde aussi bien aux besoins de l’économie qu’à ceux des consommateurs. A cette fin, GastroFribourg va soumettre à ses membres impliqués dans le monde de la nuit un questionnaire qui permettra de les sonder sur leurs besoins (heures d’ouverture, sécurité, etc.) et de procéder ensuite à une synthèse et à une réflexion, laquelle devrait profiter tant aux exploitants qu’à leurs clients. 

GastroFribourg n’est pas défavorable à une révision partielle de la loi au terme de la réflexion qui sera menée à plusieurs niveaux. Par contre, elle ne voit pas la nécessité de tout bouleverser car la législation sur les établissements publics a régulièrement tenu compte de l’évolution du marché et elle la considère comme étant satisfaisante. 

Pour le reste, la Présidente a émis le voeu que l’Etat veille à ne pas entrer en concurrence avec le secteur privé via ses propres restaurants. Elle a aussi insisté sur les valeurs cardinales qui sont prônées depuis des décennies: accueil, qualité de l’offre et du service, valeurs qui ont pour nom le professionnalisme, lequel demeure le meilleur atout des restaurateurs en cette période quelque peu difficile. Elle a également rappelé qu’une meilleure marge brute permettait souvent d’améliorer plus aisément ses résultats qu’une augmentation du chiffre d’affaires. 

Lionel Marquis

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