Bientôt des drones pour mieux cultiver la vigne

Le château de Châtagneréaz s’est associé à Changins, l’école d’ingénieurs, pour analyser son terroir grâce à un drone. Les résultats ont été rendus publics le 30 septembre. La méthode est sans doute l’avenir de la production intégrée.

Vignoble attesté en 996 ap. JC, le Château de Châtagneréaz, à Mont-sur-Rolle, a fait équipe avec Changins pour une étude à la pointe de la technologie, la première du genre en Suisse. Le département de recherche de l’école a procédé à l’analyse des terroirs, notamment avec un drone civil de l’entreprise vaudoise SenseFly. La cartographie des vignobles obtenue ainsi a permis à Pierre-Olivier Dion-Labrie, chef-vigneron du château, de connaître les types de sols avec précision. Le millésime du Château de Châtagneréaz sera donc le premier à avoir été «droné».

Alors que les cartographies conventionnelles se font au moyen de sondages, quasi-empirique, à la tarière et de profils, le recours aux nouvelles technologies a permis d’acquérir rapidement des images d’une résolution allant jusqu’à 3 cm/pixel. Traditionnellement, les observations sur le terrain sont extrapolées à l’ensemble de la surface étudiée; les images aériennes donnent une vue globale d’un site d’étude, tout en améliorant la précision des limites entre différentes entités de sols. Cette technique constitue sans conteste un grand progrès et ouvre de nombreuses possibilités par rapport à l’utilisation d’images satellites ou aériennes classiques obtenues à haute altitude. 

Une précision propice 
aux cultures
Ces informations récoltées servent en effet directement la production intégrée, raisonnable et durable. Le vigneron peut en effet pratiquer les interventions adéquates, avec certitude. Cette précision accrue engendre de véritables bénéfices écologiques. Ainsi, la fumure, les interventions phytosanitaires et toutes les opérations en vert peuvent être réalisées au bon moment et au dosage opportun. En outre, la cartographie et la micro-parcellisation qui en est issue, permettent de suivre l’évolution de la maturité du raisin en cours de saison, avec beaucoup plus de justesse. 

Le Château de Châtagneréaz a acquis, par son partenariat avec Changins, une connaissance très complète sur la nature de ses sols, parcelle par parcelle et une cartographie précise du domaine. «Je vais pouvoir séparer ce qui n’était qu’un ensemble géographique, en une multitude de micro-parcelles suivant la nature des sols qui composent ces mêmes parcelles», se félicite Pierre-Olivier Dion-Labrie. 

Les drones, appelés techniquement «véhicules aériens sans pilote» (UAV), sont en pleine expansion. Leur utilisation est peu coûteuse. Ils sont donc appelés à se généraliser, au service des viticulteurs. Ces deux dernières années, les firmes qui proposent des prestations liées à ces aspects se sont d’ailleurs fait connaître. 
Depuis 2004, le château fait partie de l’association «Clos, domaines et châteaux» dont le but est la défense et la mise en avant du patrimoine historique et viticole des clos, domaines et châteaux de Suisse. C’est précisément parce que son expérience est millénaire que le Château cultive son goût de l’innovation et demeure en quête d’excellence.

Benjamin Philippe