Château d’Auvernier

L’histoire du Château d’Auvernier est assurément une affaire de famille. Le domaine, qui commercialise environ 60 hectares de vigne, est cogéré par l’énergique et truculent Henry Grosjean. Ce trentenaire affable et attachant fait partie de la 15ème génération de vignerons et perpétue la tradition aux côtés de son père Thierry. « J’ai grandi sur le domaine mais cela fait 4 ans que je suis dans la boutique » rappelle le diplômé de l’École de Changins. « Mon père et moi sommes très proches, que ce soit dans le domaine ou en dehors, mais il reste le patron. Les 44 années passées dans l’entreprise lui ont appris un certain savoir-faire. Je profite de son expérience tous les jours ». 

La profondeur des racines de la vigne atteint deux à trois mètres et le terroir neuchâtelois est riche et généreux. Semblable au terroir bourguignon du point de vue géologique, les parcelles bénéficient de la proximité du lac, régulateur de température, compensant l’altitude à peine plus élevée que son cousin français. « Nous ne sommes pas la petite Bourgogne de la Suisse, c’est la Bourgogne qui est le petit Neuchâtel de la France » plaisante le vigneron tout en respectant son voisin éloigné. L’Œil de Perdrix, vin rosé issu de pinot noir, représente un peu plus que 40 % des ventes ; six autres cépages sont cultivés sur le domaine. 

Henry Grosjean dit en plaisantant qu’il est tombé dans la cuve dès son plus jeune âge. Aucun doute possible, sa vie était destinée au domaine. « Ce n’est pas seulement l’exploitation viticole, c’est toute l’histoire et l’esprit qui plane autour du Château d’Auvernier. Ça ne s’apprend pas, ça se vit ». Le jeune vigneron n’a pas de millésime de prédilection et estime que chaque année de récolte ressemble à un délicat jeu d’équilibriste entre le vigneron et la vigne. « Chaque millésime a ses particularités et chaque année on redécouvre le métier. C’est une profession fascinante ». La famille travaille dans le plus grand respect de la nature ; il lui faut pour cela continuer à trouver une juste proportion des techniques proposées en les adaptant au domaine et au microclimat de chaque parcelle. « Nous avons de l’intérêt pour cette approche mais elle est à prendre avec parcimonie ». En attendant, la famille vient d’installer plus de deux cents panneaux solaires au-dessus du nouveau hangar viticole garantissant un tiers de la production d’énergie du domaine. Le début d’une nouvelle ère…

Edouard Amoiel

www.chateau-auvernier.ch