Deux éleveurs de volailles genevoises

Depuis cette année, dans la campagne du canton de Genève, plus étendue qu’on ne le croit, deux producteurs locavores élèvent 140 000 volailles semi-fermières par an, qu’ils nourrissent de céréales cultivées dans le canton. Plumées et préparées selon les règles de l’art, dans l’abattoir Fournier à Perly, elles sont consommées dans la région de Genève. 

«Moins de 15 km entre le champ, la ferme et l’assiette»: tel est le slogan de ces deux jeunes producteurs qui viennent de lancer cette filière de poulets semi-fermiers genevois. A chaque volée, 7000 poulets seront élevés parallèlement, à Jussy et à Satigny et les premières volailles sont ainsi disponibles dans les grandes surfaces genevoises.

Pareil projet avait déjà été envisagé dans les années 90, pour valoriser les céréales produites dans le canton, mais le coût d’investissement et le travail nécessaire avait alors rebuté le monde agricole; désormais le contexte a changé: le prix des céréales a chuté et la consommation de produits locaux est devenue une tendance incontournable, ce qui a décidé Christophe Chenevard, à Jussy, et Yves Grolimund, à Satigny, à franchir le pas. 
 

Un poulailler de taille
Ils ont travaillé d’arrache-pied pendant un an, pour obtenir les autorisations, construire chacun un poulailler d’un million de francs environ, et les premiers poussins sont arrivés, âgés de quelques heures, en provenance du canton de Berne. Christophe Chenevard précise que c’est là, en effet, l’unique concession au purement local, alors que le canton de Genève ne possède aucun couvoir de taille appropriée.
Deux séries de 7000 poulets sont ainsi élevées en parallèle, à Jussy et Satigny, dans des conditions de vie bien plus agréables pour elles, dont un accès à l’air libre et au champ, quand la météo le permet.

Les producteurs ont porté leur choix sur une variété semi-fermière, dont les bêtes grossissent plus vite – un mois au lieu de deux – que les poulets fermiers et peuvent se vendre à la découpe dans la grande distribution, à un prix guère plus élevé que le poulet suisse de base. Ils seront également consommés dans les cantines scolaires, pour le plus grand bénéfice de la santé des enfants.
Si 140 000 poulets par an semblent un nombre important, en réalité, il ne correspond qu’à un quart de volaille par an et par habitant, alors que les Suisses en consomment en moyenne 12 kg chaque année… il va falloir se battre pour goûter du poulet 100% genevois! En cas de forte demande, il n’est pas exclu que d’autres agriculteurs emboîtent le pas aux deux jeunes producteurs.

JF Ulysse