Entre plaisir et bien-être, le thé et ses mille visages

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Le thé plaisir s’invite dans un nombre croissant d’établissements, poussant vers la sortie les sachets industriels. Pour Véronique Gallais, distributrice de Betjeman&Barton pour la Suisse, la clientèle toujours plus exigeante pousse les établissements à revoir leur approche.

Vous avez fêté vos 20 ans en 2014? Quelle est votre recette de pérennité?
Nous avons redoublé de créativité et de bonne humeur face à la sinistrose ambiante. De nouveaux clients sont arrivés: cafés, salons de thé, restaurants et hôtels en quête d’un meilleur produit et de stimulation commerciale. Ils nous ont choisis comme professionnels du thé, non comme de simples fournisseurs. Nous les conseillons pour l’élaboration d’une carte, le choix vrac/sachet, le matériel pour le préparer et le servir, et pour créer un mélange unique, signature d’un établissement. Pour durer, le petit commerçant a besoin de se renouveler en permanence.

Dîners au thé, dégustations de grand crus, thé et fromage, Cuisine ô thé etc, un défi du marché?
Le thé est aussi complexe que le vin, le cacao ou le café. Culturellement, il n’appartient pas à notre patrimoine. L’a priori de boire du thé lorsqu’on est malade disparaît progressivement grâce à toutes les initiatives de découverte de cette boisson, et grâce au courant lié au bien-être. Amener à boire du thé là où on ne nous attend pas, avec conviction et en organisant des rencontres gourmandes et surprenantes pour susciter la curiosité, c’est cela que nous aimons et ce qui nous a permis de faire connaître le thé autrement. La concurrence s’est intensifiée depuis 5 ans, avec l’arrivée de nouvelles marques et entreprises qui ont flairé la tendance du moment. Nous avons assisté à l’évolution de la connaissance du thé, à la modification des attentes du client et l’offre a suivi.

Les dégustations ont regroupé dès 2000 plus de 8000 participants de tout bord et de tout âge. Ils témoignent d’un véritable mouvement autour du thé, celui de boire, partager et acheter sur des critères plus pointus. Fukushima a accentué les questionnements sur la «propreté» du thé. Le courant du «moins et meilleur» s’intensifie depuis 5-6 ans. Par son niveau d’exigence, le client influence la culture du thé dans les lieux publics. S’il est déjà au top sur de nombreuses grandes tables, le thé de qualité s’invite aujourd’hui dans de nouveaux lieux branchés. En sachet mousseline ou en théière, sa préparation nécessite une attention différente. Nous offrons à nos clients une formation spécifique et un conseil sur la formule idéale à adopter en fonction de la vision du propriétaire. Nous composons avec eux des alliances thé-dessert très appréciées.
 
Quelles sont les tendances actuelles?
Les industriels qui lancent les trends par leurs publicités (le thé blanc, le Pu-ehr, ou encore la «détox mania») nous apportent une nouvelle clientèle en recherche de conseils professionnels et personnels. Même si depuis 5 ans, le marché est plus agressif, nous gardons le cap: confiance, éthique, disponibilité, fiabilité et qualité. En évitant le dumping des prix au détriment de la qualité produit.

Quelle est votre position sur le bio?
Les gens veulent du bio: c’est tendance. Une voie marketing empruntée par tant d’entreprises! La maison Betjeman & Barton propose des thés propres. Et les estampillés bio ne sont délibérément pas affichés bio. Les initiés sentent si le thé est qualitatif, mais comment savoir comment il a été produit puisqu’il vient de si loin? La demande du bio répond à la peur générée par les scandales agro-alimentaires. Les gens sont plus attentifs, ce qui nous pousse à ne pas rester sur nos acquis et à affiner notre assortiment. On connaît les abus liés à l’obtention du label et les mélanges de base «bio» parfumés avec des substances qui ne le sont pas vraiment. Les analyses fournies par la maison mère et une surveillance permanente du Chimiste Cantonal attestent de la qualité de nos produits.

www.barton.ch

Pamela Chiuppi