Selon l’Office fédéral de l’Environnement (OFEV), la Suisse a une forte consommation de matières premières. Cette situations’explique, d’une part, par la croissance démographique, d’autre part, par le haut revenu par habitant et par la consommation effrénée qu’elle induit.
Actuellement, environ 70% de l’impact environnemental de la consommation suisse sont imputables aux secteurs du logement, de l’alimentation et de la mobilité. La croissance économique et démographique implique également une augmentation de l’activité de construction. Ce secteur est le premier producteur de déchets en Suisse (84%). Outre l’important volume de matériaux d’excavation et de percement (57 millions de tonnes, soit 65% de la production totale de déchets), il génère chaque année quelque 17 millions de tonnes de matériaux de déconstruction (soit 19%).
De 659 à 715 kilos
À la seconde place du classement figurent les déchets urbains (7%). En constante augmentation, s’établissant à 6,1 millions de tonnes en 2017 (contre 1,9 en 1970 et 4,73 en 2000), ils comprennent les ordures ménagères, les déchets des bureaux, des petites entreprises, des cours et des jardins, ainsi que des poubelles publiques. Les biodéchets sont la troisième catégorie. En 2017, quelque 5,5 millions de tonnes de biodéchets ont été produits (c.-à-d. déchets de bois, déchets alimentaires, déchets provenant de l’agriculture, boues d’épuration séchées).
La quantité de déchets produits par personne est passée de 659 kg en 2000 à 715 kg en 2016. La Suisse se classe ainsi dans le peloton de tête européen. Le 68% des quelque 90 millions de tonnes de déchets «produisent» des matières premières qui sont réinjectées dans le circuit économique.
Près de 70% des matériaux de déconstruction sont recyclés, car ils sont des matières premières secondaires de qualité. Ce taux de recyclage monte à 75% pour les matériaux d’excavation et de percement. Cependant avec plus de 5 millions de tonnes, la quantité de matériaux de déconstruction actuellement stockés définitivement dans des décharges ou brûlés dans des usines d’incinération des ordures ménagères demeure considérable. Le recyclage des matériaux peut encore gagner en qualité. L’une des difficultés est de les débarrasser des polluants comme l’amiante ou les biphényles polychlorés (PCB).
Potentiel considérable
Les biodéchets recèlent un potentiel considérable. Tandis que 1,3 million de tonnes servent à produire des engrais de recyclage, 4,2 millions de tonnes sont incinérées chaque année. Plus de la moitié des denrées alimentaires jetées à la poubelle seraient encore comestibles.
Le taux de recyclage général s’est, lui, amélioré: de 45% en 2000, il est passé à 53% en 2016. Le recyclage se concentre sur des matériaux bien établis: verre (96% collectés en 2016), PET (82%), aluminium (90%), papier (81%) ou acier (95%). Les produits plus sophistiqués, composés de matériaux différents, sont de plus en plus collectés séparément: déchets électroniques, déchets spéciaux, mâchefers ou poussières de filtration des fumées. En 2016, près de 2,3 millions de tonnes de déchets spéciaux ont été traités en Suisse ou exportés conformément aux prescriptions strictes d’une élimination respectueuse de l’environnement (0,5 million de tonnes). Ces déchets spéciaux proviennent pour une grande part de l’assainissement de sites contaminés, qui doit être achevé en 2025. Près d’un quart des déchets spéciaux sont recyclés.
Coût: 3 milliards
La Suisse a instauré un système d’élimination des déchets qui fonctionne bien et dans lequel entreprises privées et organes publics travaillent main dans la main. A l’avenir, il est question de récupérer les substances précieuses contenues dans les déchets électroniques, ainsi que dans les résidus de l’incinération des déchets. Dans notre pays, le coût annuel total de l’élimination de l’ensemble des déchets s’élève à plus de 3 milliards de francs. Quant aux coûts du littering, soit l’abandon de déchets sur la voie publique, ils s’élèvent à environ 200 millions de francs par an.
André Versan