Pêche et poissons du lac de Neuchâtel

Ces lottes sont répandus au lac de Neuchâtel. / © DR

Premier réservoir d’eau douce entièrement suisse, le lac de Neuchâtel étale ses 218km2 au pied du Jura, sur 4 cantons: Neuchâtel, Vaud, Fribourg et Berne. Bien que principalement romand, sa rive orientale marque la frontière linguistique et borde le Seeland.

Long de 39,9 km, il dépasse les 8 km en largeur maximale et sa profondeur atteint 152m.
Jadis, on y trouvait jusqu’à 36 espèces de poissons, mais en 150 ans, 11 espèces ont disparu, tandis que d’autres, étrangères au lac, ont fait leur apparition, dont deux sont devenues fréquentes (rotengle et loche de rivière). Réintroduit à partir de la souche du Léman, l’omble chevalier se fait à nouveau rare (82 kg en 2012, contre 2500 en 2003).
En 2011, on a pu répertorier 24 espèces dans le lac, principalement bondelle, qui a le vent en poupe (180 000 kg en 2012), la palée (118 000kg), la perche (25 000kg, en reprise), le brochet (22 000 kg), la truite (5600kg), la lotte (2100kg), mais aussi le sandre (190kg, en forte baisse) et le silure (500kg).

Au lac de Neuchâtel, le règlement de la pêche professionnelle varie. Les filets peuvent parfois se tendre jusqu’à 10 mètres, parfois jusqu’à 15, en fonction de la température. Les règles de base restent stable, 10 nasses et filets par pêcheur.

Paradoxalement, dans les années 80, la pêche était excellente, parce que le lac était sale: la pollution aux phosphates provoquait l’apparition de plancton en abondance, les poissons se gavaient…

Le retour d’une certaine abondance cache une différence: le lac est propre et les poissons croissent moins vite. Les perches d’un an font moins de 10 cm, contre une quinzaine, à l’époque des phosphates, soit la taille commercialisable.

Ils sont 42 professionnels à jeter leurs filets dans le lac. Autrefois, ils étaient une centaine, mais la plupart, également agriculteurs, ne pêchaient qu’en saison, alors qu’ils pratiquent maintenant toute l’année (l’hiver, ils attrapent des reproducteurs pour la pisciculture). En 2012, la pêche de bondelles et palées atteint presque le double de la moyenne décennale, alors que celle de la perche a fondu des deux tiers. Or, c’est l’inverse que préfèrent les pêcheurs, les perches étant notoirement plus prisées que bondelles et palées…

Le succès des programmes de repeuplement menés par la pisciculture avec la complicité des pêcheurs, n’est pas étranger à l’amélioration des résultats de la pêche.

Le plan d’alevinage est adapté d’année en année, en fonction des observations des pisciculteurs. Actuellement, on élève des alevins de truites, de palées, bondelles, ombles chevaliers et brochets. Les «parents» sont relâchés, après avoir accompli leur tâche reproductive. Les œufs incubent dans des bacs oxygénés par eau courante. Les alevins sont ensuite gardés en élevage dans des bassins circulaires, puis relâchés progressivement, dans le lac et les cours d’eau du canton, à différents stades de leur développement. Un refroidissement de l’eau permet de retarder le développement des œufs pour obtenir les alevins quand la nourriture est devenue abondante.

Détail pittoresque: le succès des filets de perches en Suisse est tel que la pêche locale ne peut couvrir que 5% environ des besoins de la consommation…

JC Genoud-Prachex

Photo: Ces lottes sont répandus au lac de Neuchâtel. / © DR