Vigilance et formation du personnel permettent de se défendre

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Face à une montée du sentiment d’insécurité, certains restaurateurs ont décidé de réagir en s’équipant de technologies dissuasives. Caméras et alarmes suffisent-elles? Au contraire, n’en fait-on pas trop? Eléments de réponse. 

«Braquage manqué dans un restaurant proche de la gare de Genève», «Trois hommes cagoulés attaquent un établissement», «Carlo Crisci, le chef étoilé de Cossonay, victime d’un braquage», l’insécurité dans les restaurants occupe les premières pages des quotidiens depuis quelques années maintenant. Y-a-t-il une véritable hausse des cambriolages? En matière de sécurité, les chiffres sont des indicateurs qu’il faut toujours prendre avec une certaine précaution, mais ils permettent tout de même de dégager de grandes tendances. De 2012 à 2013, à Genève, les agressions ont diminué (-9,8%), les vols à l’astuce (-21,9%) et les cambriolages d’appartements aussi (-27,9%). Alors que tous les signaux sont à la baisse, on constate cependant que les cambriolages de commerce ont augmenté de 4%. Preuve que cette cible est toujours très prisée des malfaiteurs. Pour tenter de se défendre, les restaurateurs ont des tactiques différentes. Certains se munissent des dernières technologies, quitte à avouer en faire peut-être un peu trop: «On m’a cambriolé, il y a de cela deux ans, je me suis trouvé face à mes agresseurs et après un début de bagarre, ils se sont enfuis, mais on a dû m’amener à l’hôpital, se souvient Henry*, patron d’un petit restaurant près de la gare de Cornavin à Genève. Depuis ce jour maudit, j’ai décidé de ne plus faire d’angélisme et me suis donc acheté quatre caméras, une alarme et un spray au poivre. Je n’ai plus le choix, le fait d’avoir tout ce matériel me rassure, surtout le soir quand je quitte mon établissement avec la recette de la journée. L’avantage est que l’on porte moins de cash qu’auparavant avec soi grâce à la démocratisation des cartes de crédit.» 

Former le personnel
Si certains restaurants aux quatre coins du globe font parfois appel à un vigile qui se place à l’entrée et filtre les allées et venues, la situation reste tout de même bien moins préoccupante à Genève. Malgré une vigilance plus grande, les restaurateurs n’ont pas forcément tous changé leur habitude et misent sur d’autres aspects: «Une bonne prévention des délits passe par une formation adéquate du personnel, ainsi que par une sensibilisation périodique, note Christophe Frutiger, patron du restaurant l’Escapade. Je trouve qu’il ne faut pas céder à la panique et la situation était plus préoccupante dans les années 90 par exemple. Nous avons installé une alarme reliée à une société de protection, cela suffit amplement.» C’est donc aussi la multiplication des gros titres dans la presse qui tend à créer un sentiment d’insécurité qui est certainement un peu exagéré. Les chiffres ont même tendance à se stabiliser depuis quelques années. Le sentiment d’anxiété de certains restaurateurs devrait donc céder la place à une vigilance intelligente. 
*prénom fictif

Fabio Bonavita

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