« Il faut soutenir les producteurs locaux ! »

Vous êtes le parrain de la Semaine du Goût cette année, quel message souhaitez-vous faire passer ?
Philippe Chevrier : C’est vraiment un honneur de représenter ma corporation et le terroir genevois ainsi que tous ses acteurs à l’occasion de cette Semaine du Goût 2021. Cette année sonne aussi les 30 ans d’étoiles MICHELIN pour le Domaine de Châteauvieux, c’est donc aussi une fierté d’avoir été choisi pour valoriser tous les beaux produits de notre région et également, les produits viticoles car le grand public ne se rend souvent pas compte de la richesse et de la diversité des cépages qui s’offre à nous à Genève.

Les producteurs se plaignent souvent de voir filer les consommateurs de l’autre côté de la frontière pour faire leurs achats. La production genevoise est-elle inaccessible en termes de prix ou réservée à une élite ?
P. C. : Je déplore en effet cette mauvaise habitude qu’ont pris les consommateurs car malheureusement en Suisse, les commerçants n’ont pas forcément la même chance d’ouvrir aussi librement que leurs confrères frontaliers. La production locale n’est pas si inaccessible que cela, c’est vraiment une fausse idée car déjà si l’on calcule le temps passé sur la route, le carburant et la queue dans les hypermarchés ou centres commerciaux en France voisine, au lieu d’aller chez l’épicier du quartier, cela n’est pas forcément plus avantageux. Mais surtout, on trouve d’excellents commerces à Genève, entre les bouchers, maraîchers, viticulteurs, comestibles… Je suis vraiment contre cette pratique de consommer de l’autre côté de la frontière car il faut soutenir les commerçants locaux et notre économie pour ne pas scier la branche sur laquelle on est perché. Il faut aussi penser que les charges salariales sont beaucoup plus élevées en Suisse et de ce fait cela se répercute sur le coût du produit final. Même en ayant des prix éventuellement plus élevés qu’en France, les producteurs et les revendeurs ne peuvent pas être toujours compétitifs.

En tant que grand Chef, que diriez-vous aux jeunes qui envisagent de faire votre métier ?
P. C. : Avant tout, c’est un métier de passion et de besogneux. Le chemin est vraiment long et semé d’embûches entre le début de l’apprentissage jusqu’à devenir un chef ou un restaurateur…
Il faut de l’humilité, de la persévérance et du courage, mais, bien sûr, lorsque l’on aime vraiment ce que l’on fait, la passion l’emporte !

Manuella Magnin