L’hôtellerie est-elle encore attractive pour les jeunes? Les métiers d’accueil, de restauration et administratifs font-ils encore rêver? Le point avec Eric Dubuis, secrétaire romand d’Hotel&Gastro Union.
L’hôtellerie séduit-elle toujours les jeunes?
Oui, c’est encore une branche qui fait rêver. Les gens ont en tête les voyages, les palaces, ainsi que tous les grands chefs qui passent à la télévision. Au niveau des partenaires sociaux, nous essayons de valoriser la branche, les salons dédiés à l’apprentissage permettent également de valoriser les métiers de l’hôtellerie. La conséquence directe est que nous avons davantage d’apprentis qu’il y a quelques années.
Y-a-t-il un décalage entre offre et demande? Les deux sont au même niveau, c’est une bonne chose, l’offre est égale à la demande. Il est inutile de former pour former quand on a une situation idéale comme celle-ci. Avec les partenaires sociaux, notre but est de trouver des patrons engagés qui ont une véritable envie de former les jeunes.
Les nouvelles générations n’ont-elles pas peur des conditions parfois difficiles avec des horaires décalés et une implication totale? Il y a énormément de réticences vis-à-vis de cela. Nous devons effectuer un grand travail pour mettre en valeur la branche et créer des conditions cadres favorables. C’est ce que nous avons fait ces dernières années avec 42 heures par semaine et cinq semaines de vacances par année. Il est vrai que parfois, il est nécessaire de travailler le dimanche ou durant les autres jours fériés, mais en contrepartie, les employés de l’hôtellerie bénéficient de congés pendant que les autres travaillent. Des mécanismes ont été mis en place pour que cela fonctionne. Des contrôles sont régulièrement effectués et ils démontrent que la situation s’est considérablement améliorée ces dernières années.
Quels sont les secteurs de l’hôtellerie qui attirent le plus les jeunes? La gastronomie, grâce notamment aux fers de lance que peuvent être Benoît Violier, Bernard Ravet ou Philippe Chevrier. Ces derniers créent assurément des vocations. Les émissions culinaires, principalement sur les chaines françaises contribuent aussi à ce succès.
La main d’œuvre étrangère est-elle une nécessité pour l’hôtellerie? Incontestablement, surtout dans les régions transfrontalières, mais également dans les autres cantons. C’est une nécessité absolue. On ne forme pas assez de jeunes pour l’ensemble des postes à disposition. Je prends l’exemple de Vaud, 200 jeunes sortent de leur formation CFC, alors qu’il y a 15 000 emplois dans le canton.
Les canaux de formation sont-ils suffisants en Suisse? Les jeunes arrivent-ils suffisamment formés? On a une formation de top niveau, tous les auteurs s’y emploient quotidiennement. Il y a de belles perspectives de carrière avec des brevets fédéraux et des écoles de qualité.
Quelles sont les perspectives d’emploi ces prochaines années dans l’hôtellerie? Quasiment illimitées. Le secteur a toujours besoin de personnel qualifié.
Que diriez-vous à un jeune qui hésite encore avant de choisir l’hôtellerie? C’est une école de vie car on apprend énormément de choses, professionnellement et humainement. Notamment à travers l’échange avec les clients. Il n’y a pas autant de partage dans les autres métiers.
Propos recueillis par Fabio Bonavita
Photo: Eric Dubuis.© DR