Propos recueillis par Benjamin Philippe
Valaisan d’origine, Frédéric Abbet, 45 ans, est responsable CorporateCare au Groupe Mutuel. Il interviendra à Gastronomia dans un forum consacré au recrutement.
Qu’est-ce que le turnover et quels sont ses effets? Le turnover est le calcul de la rotation du personnel sur une année. Dans certains cas, un taux élevé de turnover peut s’avérer être une bonne chose, mais souvent cela représente une situation inquiétante. En fait, la question centrale est de déterminer quelle politique en ressources humaines l’entreprise souhaite instaurer. Si les clients prêtent peu attention au personnel, parce que la clientèle est de passage ou si les coûts de remplacement sont très faibles (peu de formation), les conséquences du turnover seront limitées. Par contre, quand le facteur humain est important, il convient de s’intéresser aux raisons qui font que les employés quittent leur poste. La démarche consiste à s’intéresser aux différents types de turnover. S’agit-il des nouveaux employés qui peinent à s’intégrer, ou de «talents», qui apportent beaucoup à l’entreprise? A l’évidence, plus les emplois sont qualifiés, plus ils exigent des investissements et plus un taux élevé de leur turnover est problématique.
Y a-t-il des recettes pour garder ses bons éléments? Pour stimuler ses employés, il ne faut pas forcément passer par une revalorisation salariale. Il faut plutôt rechercher ou connaître les attentes de son personnel, innover dans les prestations d’entreprises ou les prestations sociales. Pour les uns, il est apprécié de pouvoir disposer des services de l’entreprise (restaurant, transport public, fitness, garderie, heures compensées en congé, prestations d’assurance, etc.). Pour les employés, de tels gestes représentent beaucoup et sont extrêmement importants. Un principe prévaut: «ce que vous faites pour vos clients, faites-le aussi pour vos employés»; quitte à leur offrir un séjour dans l’hôtel une
à deux fois l’an, voire simplement la possibilité de disposer des services de l’hôtel ou du restaurant.
Quelles pratiques managériales faut-il proscrire? Beaucoup de patrons ne jurent que par la performance – encore faut-il la définir – mais l’impose de façon hasardeuse. Un manageur autoritaire obtiendra des résultats catastrophiques. Un encadrement attentif, de proximité, qui manifeste de la reconnaissance, aura au contraire une réelle capacité à fédérer et à donner du sens dans leur travail.
Quand un patron peut-il prendre du recul et analyser ses travers? Le meilleur moment pour procéder à son auto-critique est l’entretien de départ. On le fait rarement et pourtant, il est particulièrement instructif; la personne parle d’autant plus facilement qu’elle n’a rien à perdre. Au moment de l’embauche, il ne faut pas hésiter à téléphoner aux anciens employeurs. Le directeur doit se préparer en posant des questions ouvertes et pertinentes avant de recevoir le candidat. Ensuite, il ne faut pas attendre la fin de la période d’essai pour faire un point, mais idéalement s’entretenir avec la personne chaque semaine. Enfin, il faut oser instaurer des séances qui ont pour objectif l’amélioration en continue du travail en équipe, sans qu’il soit question de faute ou de reproche.
Forum Gastronomia
Comment fidéliser ses bons éléments?
Mardi 11 novembre 2014, à 16h