Concurrent suisse à la sélection européenne de la Coupe du Monde de la pâtisserie, Giuseppe Piffaretti est un pâtissier tessinois qui a l’expérience des grands événements. Interview.
Que représente pour vous cette sélection à la Coupe du monde de la pâtisserie? Pour Tiziano Bonacina, mon co-équipier, et moi, c’est l’avant-dernier pas pour compléter notre formation de 30 ans. Nous avons participé quatre fois à la Coppa del Mondo della Gelateria, en Italie, et sommes repartis avec la médaille d’argent, en 2010, et celle bronze, en 2007 et 2012. Notre but est de nous qualifier pour la finale de la Coupe du Monde en 2015, à Lyon, donc de terminer dans les trois premiers. Si nous passons, nous pouvons viser le podium l’année prochaine.
Quelles sont les forces de votre équipe? Nous sommes l’équipe à la moyenne d’âge la plus élevée. Tiziano Bonacina et moi avons la cinquantaine passée alors que les autres candidats ont entre 30 et 40 ans. Ces derniers arrêtent les concours après leur première médaille alors que nous avons continué. Outre l’expérience individuelle, nous travaillons ensemble depuis plus de 30 ans à la Chocolate Academy de Zurich. Nous n’avons pas besoin de nous parler. A certains moments, il aura besoin de moi, dans d’autres, ce sera moi. Nous sommes complémentaires.
Quel avantage représente la tenue des sélections à Genève? La proximité est un avantage car dans une pâtisserie, le plus difficile est la tenue du sucre, qui est très sensible à la température. Le trajet jusqu’à Genève prend quatre heures, c’est plus gérable. Nos élèves de l’Académie étaient venus nous soutenir à Rimini. A Genève, c’est comme jouer à domicile. Les Genevois seront derrière nous.
Quelles difficultés rencontrent un professionnel qui s’engage dans une telle compétition? L’un de mes collègues a passé six mois sur sa pièce artistique du World Chocolate masters. Il a investi du temps, mais aussi beaucoup d’argent dans du matériel, plus de 100 000 francs. Il a fait faire des moules spéciaux et a consacré une salle entière à la confection de son œuvre. Pour lui, la deuxième place aurait été un échec. Avec mon co-équipier, nous nous préparons depuis l’automne dernier, notre investissement financier est moindre, mais reste conséquent. En Suisse, nous n’avons pas de sponsors et les retombées sont limitées. En fait, on sait faire, mais on ne veut pas trop le dire.
Benjamin Philippe
Photo: De g. à dr.: Giuseppe Piffaretti, Marco Pasotti et Tiziano Bonacina. © DR