Elles sont vives, vigoureuses, joueuses ou placides. Elles appartiennent aux races Simmental, Montbéliarde, Holstein rouge ou noire ou Swiss Fleckvieh. Elles font partie de la Fête des Vignerons 2019. Leur mission est double: elles seront à la fois actrices-figurantes dans le spectacle de Daniele Finzi Pasca, menées par un armailli attitré, sonnailles au cou, entrant dans l’arène devant les 20 000 spectateurs peu avant les chanteurs du Ranz des Vaches. Et elles seront des hôtes chouchoutés de La Ferme de l’espace fribourgeois durant toute la Fête. Entre le 13 juillet et le 11 août, elles mangeront, dormiront et produiront du lait servant à la fabrication du Gruyère au quotidien pour les visiteurs de la Fête, le tout sous la houlette du responsable des écuries Eric Sonnay.
Les belles vaches de la Fête des Vignerons de 1889. © Confrerie des Vignerons
Cinquante éleveurs
Les candidates sont venues du district de la Veveyse, côté fribourgeois, et de la région allant de Montreux à Lausanne en passant par Oron, côté vaudois, selon des critères définis par la Commission animaux de la Fête, qui a œuvré avec les syndicats d’élevages pour inviter leurs membres à présenter une ou plusieurs bêtes. Une cinquantaine d’éleveurs se sont inscrits. Ceux dont une bête a été choisie ont reçu une cloche commémorative et deux billets pour la Fête.
A leur arrivée à Savigny, elles ont subi un premier contrôle par deux vétérinaires. Puis, elles se sont dirigées vers la douche, au Kärcher, pour une toilette avantageuse. Un premier passage, dans le ring monté devant le bâtiment de commune, a permis de sélectionner une seule vache par éleveur. Les deux juges, Philippe Germain de St-Georges et Pascal Vallélian de la Tour-de-Trême, ont fait leur choix sur des critères à la fois esthétiques et comportementaux. «La ligne du dos, la finesse des membres, l’apparence et l’attache des mamelles sont importantes, tout comme la docilité, la manière de se déplacer, la sociabilité». Ensuite, toutes les vaches sont revenues par groupes dans le ring, pour la sélection finale.
Les commentaires fusent
Dans le public, il y avait la syndique de Savigny, des familles du village, des armaillis en chemise à edelweiss, quelques touristes, de nombreux journalistes. Sous la cantine, montée par le syndicat d’élevage bovin des Monts-de-Lavaux, organisateur de la journée, on a bu le café et ensuite le Chasselas de la Fête. Des croissants et des pâtés vaudois étaient également servis. Miracle, le ciel a tenu. Le spectacle a plu, les commentaires ont fusé. Trois joueurs de cor des Alpes de la Société des armaillis de la Fête des Vignerons ont fait entendre leur mélodie. Ensuite, les chanteurs du Ranz des Vaches de la Fête se sont placés devant les vaches, pour entonner a cappella Le Lutin du chalet des Rêbes et La visite de la Gracieuse – «Quand viendra-tu me voir dans mon alpage?». On aurait juré que les ruminantes étaient aussi émues que le public présent.
Un casting superbe

Au final, il y a eu un «casting superbe», un groupe de vaches «parfaitement représentatives» des élevages de la région, s’est félicité Denis Rohrbasser, président de la Société des armaillis de la Fête. «Elles ont toutes les qualités requises. Le niveau était très haut. Le public risque de se demander pourquoi nous présentons plus de vaches rouges et blanches que de noires et blanches: c’est simplement qu’elles sont moins présentes dans les élevages de la région. La présence de ces animaux à la Fête vise à renforcer le lien ville-campagne. Il est important que le public, notamment les familles, puisse les voir vivre, les caresser, regarder les armaillis s’en occuper, les traire». Les quatre vaches présentées possédant des cornes ont été sélectionnées. Jean-Pierre Chollet, président de la commission animaux de la Fête, a remercié les 42 éleveurs présents.