La Fête des Vignerons a son Abbé-Président. Ce titre remonte à plusieurs centaines d’années. Aujourd’hui, c’est François Margot qui le porte. Il nous explique cette haute tradition: «La Fête des Vignerons est une célébration qui rend hommage aux vignerons-tâcherons de la région de Vevey. Elle remonte à des temps très lointains. Cette célébration se fonde sur une répartition du travail entre les propriétaires des vignes et les vignerons-tâcherons qui s’en occupent. A l’occasion de la Fête, les meilleurs vignerons-tâcherons sont honorés. A la demande du propriétaire, on doit vérifier la qualité de leur travail et tous les 3 ans, on a le résultat de cette évaluation».

L’évaluation est en quelque sorte le socle de l’évènement. La Fête vient s’ajouter à cela. Les premières fêtes locales des vignerons ont eu du succès auprès de la population. On sait qu’elles datent du milieu du dix-septième siècle. Elles se sont succédées durant 350 ans, presque sans interruption.
Un symbole
La célébration est devenue un évènement romand et même national. La Fête des Vignerons de 1977 avait eu son célèbre armailli Bernard Romanens. Il l’avait fait connaître dans le monde entier.
«La Fête est un symbole pour tous les vignerons de Suisse romande, mais également pour les agriculteurs et les paysans», précise l’Abbé-Président. Tous sont confrontés aux aléas de la nature. «A travers le coup de loupe sur les vignerons-tâcherons du Chablais et de la région veveysanne, ce sont tous les gens de la terre qui sont mis en lumière».
En ce début de 21e siècle comme au milieu du 17e siècle, le métier de vigneron, tout comme celui de paysan, reste dépendant des forces de la nature et de la météo. En Suisse romande, ces métiers sont restés encore très artisanaux et proches des coutumes d’antan. «C’est un langage universel et qui, à ce titre, connaît beaucoup de succès auprès des médias. C’est dans l’air du temps».
Chasselas lémanique
La Fête des Vignerons est également ambassadrice de la Suisse romande et de ses traditions. Les fromagers d’alpage sont d’éminents représentants de ces traditions. Quant à la figure du vigneron-tâcheron, elle nous rattache à l’histoire d’un cépage, le Chasselas, originaire de la région lémanique. Cerise sur le gâteau: le Lavaux est devenu patrimoine mondial de l’Unesco.
Le vigneron vaudois de cette fête des vignerons 2019 restera un symbole. Un symbole également: son vin de haute qualité soumis aux conditions naturelles. Nombre d’autres productions de ce pays étayent cette tradition, tels les fromages d’alpages, les produits du terroir et de boucheries jurassiens, les cardons genevois, les fondues, raclettes, asperges et abricots du Valais, ou encore l’absinthe, l’abricotine et la damassine. Pour n’en citer que quelques-unes.
En 2019, le vigneron sera de nouveau l’ambassadeur de l’hôtellerie et de la restauration. A une époque où la vigne, plantée massivement en Chine, est à la mode dans ce pays continent, nul doute que la Fête des Vignerons 2019 de Vevey atteindra sa cible. Elle restera tendance. On imagine que dans une vingtaine d’année, la viticulture sera toujours aussi aléatoire et artisanale. Elle sera probablement encore davantage répandue à travers le monde. Selon l’Abbé-Président François Margot, l’édition 2019 sera belle. Elle ouvrira, à coup sûr, la route à la Fête des Vignerons 2040.
Pascal Claivaz
Les Fêtes de Vignerons
La Fête des vignerons de 1955 fut enthousiasmante. Elle venait juste après la guerre et fut accueillie dans l’enthousiasme général, avec toute la magnificence qui se prêtait à cette époque si particulière. Elle a été comme une renaissance de la Fête. Celle de 1977 est venue confirmer ce succès. Avec le soliste Bernard Romanens, le célèbre Ranz des Vaches prit une dimension mondiale. Celle du Millénaire en 1999 fut un succès, grâce à la mise en scène de François Rochaix.
Travail bien fait
Le but premier de l’Abbaye de l’Agriculture de Vevey (aujourd’hui Confrérie des Vignerons) était de contrôler la bien facture des travaux effectués dans les vignes situées derrière les murs d’enceinte de la ville de Vevey. Ce territoire comprenait les vignes cultivées entre Corseaux et La Tour-de-Peilz d’une part, Corsier et Saint-Légier d’autre part. Les environs de Vevey, hormis quelques prés et vergers, étaient alors plantés de vignes. La surface viticole diminua fortement vers la fin du XIXe siècle.
Les Confrères, appelés moines ou frères au XVIIIe siècle, contrôlaient le travail des vignerons-tâcherons, car les vignes représentaient alors la plus importante source de revenus du bailliage de Vevey. Ainsi, annuellement, quatre moines «visitateurs» parcouraient ces territoires autour de Vevey. Ils relevaient les erreurs de culture, les murets et charmus défectueux, les arbres ombrageant les ceps, les broussailles envahissantes, les animaux paissant dans les parchets et, surtout, les légumes et les fruits plantés entre les ceps.