Le Bocuse d’Or, un concours prestigieux

C’est la Norvège qui a remporté le Bocuse d’Or 2015.© DR

JC Genoud-Prachex

Révélateur de talents, tremplin assuré pour une reconnaissance mondiale, le célèbre concours, mis au point par Paul Bocuse en personne, fêtera ses 30 ans en 2017. Sa réputation n’a cessé de croître, sur tous les continents, et suscite convoitise et envie de conquête chez tous les jeunes chefs ambitieux et désireux de se faire une place dans l’olympe de la gastronomie mondiale.

Quand il crée le Bocuse d’or, à Lyon en 1987, le plus célèbre des cuisiniers au monde, Paul Bocuse, («Monsieur Paul» pour tous les illustres chefs qu’il a aidé à sortir de leurs cuisines, en les mettant en lumière), s’inspire, pour fixer les bases de son concours révolutionnaire en matière de gastronomie, des plus grands évènements sportifs de la planète: les championnats d’Europe et du monde de football, ou les championnats mondiaux d’athlétisme, pour en faire une spectacle public grandiose autour de la cuisine et des chefs.
Le Bocuse d’Or, qui devient aussitôt LE plus prestigieux concours mondial de gastronomie, est un concept d’une géniale simplicité: 24 jeunes chefs du monde entier, parmi les plus prometteurs de leur génération, réalisent des plats imposés en 5h40, devant un public enthousiaste, et sont départagés par un jury composé des plus illustres cuisiniers de la planète.
De fait, il faut avoir assisté à l’une de ces finales, pour en saisir toute la ferveur: plusieurs milliers de spectateurs s’y agglutinent, chaque pays concurrent est bruyamment soutenu par ses propres tifosi, au moyen de banderoles, clameurs, drapeaux et musiques, dans un amphithéâtre bondé du palais des expositions de Lyon.
Bien au-delà d’une simple compétition culinaire, le Bocuse d’Or est un show ultra médiatisé, où nombreux sont les chefs de talent qui se sont fait un nom en gagnant le concours. En 2007, vingt ans après la création du concours et devant le nombre croissant de pays désireux de participer à l’épreuve, le Bocuse d’Or instaure le principe d’élimination continentale et crée les Bocuse d’Or Europe, Bocuse d’Or Amérique latin et Bocuse d’Or Asie, devenu en 2014 le Bocuse d’Or Asie-Pacifique avec l’intégration de l’Australie. A son tour, chaque pays instaure l’épreuve du Bocuse d’Or national, dont le vainqueur est qualifié pour les épreuves continentales, qui permettent de déterminer les 24 pays accédant à la prestigieuse finale de Lyon. Plus qu’un événement, le Bocuse d’Or représente désormais une soixantaine de concours nationaux et continentaux sur un cycle de deux ans, dont le point d’orgue se déroule invariablement à Lyon. 
Les thèmes des Bocuse d’Or sont déterminés longtemps à l’avance et les trophées sont donc décernés tous les deux ans, à l’issue des épreuves de la finale, qui se déroule sur deux jours,  au Salon international de la restauration de l’hôtellerie et de l’alimentation de Lyon (SIRHA), l’ex-salon des Métiers de Bouche, qui se tient chaque année impaire, au mois de janvier.
Pour l’occasion, Villeroy & Boch fabrique, tous les deux ans, une assiette spéciale, signée par les frères Vavro, célèbres designers en vaisselle de table, et qui sert de trophée au Bocuse d’Or.
Au palmarès des Bocuse d’or, derrière la France qui domine avec 10 statuettes dont sept en or, vient l’étonnante Norvège avec neuf figurines dont cinq en or, parmi lesquelles la dernière en date.Enfin, on relève qu’un Bocuse d’Or officie à Genève: Michel Roth, vainqueur en 1991 mais également meilleur ouvrier de France, après avoir exercé ses talents chez Lasserre, puis au Ritz de Paris, est devenu, depuis 2013, le grand chef du Restaurant étoilé Bayview, à l’hôtel Président-Wilson.