Interview de Pierre Maudet: Elections cantonales 2023

Pierre Maudet, vous vous représentez au Conseil d’Etat après en être parti en 2021, qu’est-ce qui vous motive tant pour retenter une aventure aussi difficile ?
Pierre Maudet : Tout d’abord l’envie de faire bouger les lignes, c’est ce qui m’a toujours motivé. Ensuite l’aventure d’une liste constituée d’hommes et de femmes venant de tous les horizons dont certains sont issus de secteurs qui ne sont pas représentés au parlement. Trois candidats au Grand Conseil sont d’ailleurs des professionnels de votre branche : Rosa Rodrigues, une restauratrice ; Florence Florenza-Decurtins, une hôtelière et Vincent Canonica, un chef d’entreprise actif dans la restauration, c’est une première. Nous présentons une liste avec l’idée qu’on ne fait pas des promesses à la population mais qu’on présente des projets concerts issus de l’expérience de terrain de tous nos candidats.

C’est-à-dire ? Pouvez-vous nous donner un exemple ?
P. M. : Je vous donne un exemple qui touche directement au cœur de votre secteur : le rapport à l’administration. Beaucoup de professionnels de la branche de la restauration ont été fragilisés par la pandémie et beaucoup font face aujourd’hui à des hausses du coût de l’énergie. Il est nécessaire de leur faciliter les démarches administratives pour qu’ils ne passent plus une grande partie de leur temps à la paperasserie. Ce que nous souhaitons mettre en place c’est le projet de facilitation administrative. Ainsi, dans tous les domaines d’activité où l’Etat délivre une autorisation une concession, un permis, on propose de fixer avec les acteurs de la branche au préalable, un nombre de jours limités au-delà duquel, si le permis n’a pas été remis, il est réputé délivré. Cela évitera que des entrepreneurs mettent en péril leur entreprise si une autorisation d’exploiter n’est pas accordée à temps. Et cela replace la notion de service public au cœur du besoin des citoyens.

De manière générale, les restaurateurs ont le sentiment d’être peu écoutés par les autorités, notamment sur la question des terrasses, qu’est-ce que vous proposez concrètement à ce sujet ?
P. M. : Vous avez raison la question des terrasses est une question sensible et je conçois que les restaurateurs ne puissent pas faire la police, mais il faut trouver un équilibre. Les terrasses sont une bonne chose du moment qu’il y a un respect des habitants de quartier. Personnellement, je suis pour une ville plus conviviale avec des endroits ouverts où les gens puissent se rencontrer ; et les restaurateurs participent de cette convivialité en tant qu’acteurs de proximité. Afin d’éviter des pertes sèches sur leurs chiffres d’affaires, les établissements devraient pouvoir étendre leurs horaires après minuit mais à l’intérieur, du moment que des mesures d’insonorisation auront été prises.

Notre secteur a du mal à recruter, comment selon vous valoriser les métiers de la restauration ?
P. M. : Tout d’abord, dans le rapport que cette branche entretient avec les autorités. Simplifier leur travail administratif c’est aussi reconnaître ces acteurs comme essentiels. Ils ont un rôle central dans notre société ne serait-ce qu’en terme d’intégration : quand on arrive de l’étranger, se sont souvent les métiers de la restauration que l’on fait en premier. Les jeunes travaillent aussi en restauration pour payer leurs études ou acquérir une première expérience professionnelle. Ensuite, il y a un vrai travail à faire du côté de l’Etat. D’abord par la valorisation de l’apprentissage en montrant aux jeunes que ces métiers sont des métiers de passion. Parce qu’il faut être réaliste : le travail est dur et les professionnels de la branche travaillent sans compter leurs heures. Quand l’apprentissage n’est pas valorisé, les jeunes choisissent une branche par renoncement dans le seul but d’avoir un papier, il faut leur montrer que ces métiers débouchent sur des spécialités qui sont très valorisées.

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