Jura: le virage des habitudes de consommation

 

Après 17 années de bons et loyaux services, Yves Rondez aurait-il enfin déniché le successeur tant recherché? 2016 fut une année morose pour les restaurateurs qui affichent jusqu’à 20% de baisse de chiffre d’affaires. 

Les changements profonds liés à l’ère numérique et aux aléas de l’industrie horlogère défient la gastronomie jurassienne. GastroJura tient le cap, soutenant ses membres à faire face aux obligations du cadre légal et à un marché frileux demandeur de nouvelles formes de restauration.

Comment se résume l’année 2016 pour GastroJura?
Cette année, nous avons collaboré avec l’école professionnelle en avançant le budget nécessaire à l’achat de nouveaux fours, utiles aux apprentis pour effectuer leur travail d’examen.
Côté économie, c’est la morosité, le blocage des affaires. Les gens ne sortent presque plus, peut-être une peur du lendemain, induite en partie par les licenciements qui ont eu lieu dans le secteur horloger. Les restaurants affichent une baisse de chiffre d’affaires de 10-20% par rapport à 2015. Dans mon établissement, je n’avais pas vécu cela en 34 ans d’activité.
Les comportements ont changé: les 17-25 ans ne vont plus prendre l’apéritif, ils se réservent pour des fêtes arrosées le week-end. Les échanges ne se font plus au bar, mais sur les réseaux sociaux. Le traditionnel apéro réunit aujourd’hui les plus de 50 ans. Les familles ont des budgets de plus en plus serrés.

Quelles ont été les temps forts de l’année?
Les restaurants ont été impactés par la Balade Gourmande qui proposait de déguster les plats de la St-Martin sur un parcours pédestre de 10 km dans des cantines équipées. Cet évènement a pris une réelle ampleur, avec 6400 participants sur les deux weekends. 17 permis ont été délivrés pour l’exploitation de la St-Martin dans des salles des fêtes (capacité par salle 300 à 400 personnes). Cette concurrence indirecte affecte les restaurateurs au budget trop serré pour offrir une animation musicale. Dans mon établissement, des cars de touristes sont venus manger le midi la spécialité de mon restaurant, la friture de carpes. A Porrentruy, le 20e marché de St-Martin a drainé beaucoup de monde.

Une demande au Père Noël pour 2017? 
Le cadeau est arrivé hier: un changement de présidence! Pour l’image, il était temps de passer le témoin. Mon successeur sera intégré ou pas par le comité à la fin mai 2017. Ce temps a passé comme un éclair, j’ai été entouré par des personnes hors pair, de véritables perles. Une expérience formidable!

Propos recueillis par Sandy Métrailler