L’Amigne de Vétroz

En flânant le long des stands d’un salon VINEA qui ravit un peu plus chaque année, il m’est venu l’envie de tirer un coup de chapeau gourmand d’amateur de blancs à l’un de mes vins favoris – et pas le seul, loin s’en faut, tant les clos helvétiques se sont bonifiés: l’Amigne de Vétroz.  

Vieux cépage blanc originaire du Valais, l’Amigne est surtout cultivé à Vétroz. On lui a découvert une filiation génétique avec le Petit Meslier, originaire de la Champagne française, qui n’est plus guère cultivé  (3ha) en raison d’un faible rendement. 
C’est un cépage qui mûrit tardivement, au moût très sucré, acidulé et légèrement tannique, qui peut produire aussi bien des vins secs que liquoreux ou doux.
Depuis 2005, les encaveurs de Vétroz ont imposé la mention du taux de sucre résiduel sur les étiquettes d’Amigne, plus ou moins doux selon les millésimes, indiqué par des abeilles: une abeille, vin sec, deux abeilles, vin légèrement doux, trois abeilles, vin doux.
Il est probablement d’origine romaine: Columelle mentionne, en effet, un Vitis Aminea. A travers l’Amigne, le Valais peut ainsi revendiquer une tradition viticole deux fois millénaire, un honneur que peu de vignobles sont en état de briguer.
L’Amigne est déjà mentionnée en 1686 dans le livre sur le travail des vignes du Banneret de Riedmatten (VS), où elle figure dans les comptes en compagnie de l’Arvine ou de l’Humagne. Elle a fait son apparition officielle à l’exposition ampélographique internationale de Genève en 1878. De nos jours, on n’en trouve que 38 hectares dans le monde, exclusivement en Valais, dont plus de 27ha pour le seul Vétroz. En 2013, année de production modeste, les producteurs de Vétroz en ont encavé 170 000 litres.
Son sarment est beige violacé, avec des feuilles moyennes à grandes, rondes, légèrement bullées, assez peu découpées et veloutées sur la face inférieure. La grappe, moyenne à grande, très allongée, lâche et rameuse, possède un pédoncule très long. Les baies, légèrement ovales, sont vert jaunâtre.
L’Amigne donne un vin riche et puissant, sec, légèrement doux ou liquoreux. Il dégage au nez des notes d’abricot confit et de mandarine. En bouche sa puissance est soutenue par une bonne acidité et une finale tannique. L’Amigne donne le plus grand plaisir après cinq à 10 ans de garde. Il faut noter que les producteurs sont toujours plus nombreux à élaborer une Amigne sèche.
Un de ces délices dont Bacchus et le Valais ont le secret: heureux Valaisans!

JF Ulysse