Le chocolat Dubaï menace le marché de la pistache

Inventé par Sarah Hamouda, une entrepreneuse anglo-égyptienne, et lancé en 2021 sous la marque Fix, à Dubaï et Abou Dhabi, dans le Golfe arabo-persique, le chocolat Dubaï se présente sous la forme d’une tablette apparemment classique, mais fourrée d’une crème de pistache, relevée d’un croustillant, obtenu par l’adjonction de fines nouilles « kadaif », une sorte de vermicelle à la farine de blé, utilisée dans la pâtisserie orientale et présente, notamment. dans le baklava. Du tahin (crème de sésame) ajoute à ce chocolat une saveur orientale unique.

Le chocolat Dubaï contribue à assécher le marché de la pistache. 

Un emballement mondial
En 2023, une célèbre influenceuse culinaire a repéré ce produit original et luxueux et en a fait la promotion sur l’application Tik Tok. Conséquence : une tempête sur les réseaux sociaux avec plus de 120 millions de vues. Ce buzz prodigieux a provoqué un engouement mondial pour ces tablettes qui se vendent à des prix parfois exorbitants. Ce phénomène de mode, qui ne cesse de s’amplifier, a conduit d’autres chocolatiers, les Suisses Läderach et Lindt, par exemple, à créer leurs propres chocolats à la pistache, non sans succès.

Alors que le chocolat Dubaï continue à affoler les réseaux sociaux, le cours de la pistache a pris récemment une pente ascendante. Le prix de la petite noix verte est passé de quelque 15 euros le kg, il y a un an, à plus de 20 euros le kg, il y a quelques semaines. Et ce n’est pas fini ! À la fin du mois d’avril, le grand négociant de fruits à coque Giles Hacking a lancé un cri d’alarme dans les pages du « Financial Times ». Selon lui « le marché de la pistache est quasiment épuisé. (…) Le monde est presque à court de pistaches en ce moment ».

La demande dépasse l’offre
Ce négociant, à la tête de la société C. G. Hacking & Sons, basée à Londres, constate que l’offre n’arrive plus, à répondre à la demande, alors que les réserves sont au plus bas, en raison de récoltes décevantes en Californie. Les États-Unis sont le principal exportateur mondial de pistaches (43%), devant la Turquie (33%) et l’Iran (17%). Cette situation contraste avec celle observée en 2023, avant la mode du chocolat Dubaï, lorsque l’offre avait largement dépassé la demande sur le marché mondial, entraînant une baisse sensible des prix.

Toujours dans le « Financial Times », Behrooz Agah, un membre du conseil d’administration de l’association iranienne de la pistache, dont les exportations sont interdites en Europe en raison des sanctions qui frappent Téhéran, remarque que la situation est aggravée par l’apparition, dans la foulée du succès du chocolat Dubaï, de nombreux aliments à base de pistaches, comme le beurre, l’huile ou encore la pâte de pistaches. Ces nouveaux produits contribuent, avec le chocolat, à tarir le marché.

Face à cette demande grandissante, aux États-Unis, certains producteurs d’amandes ont décidé de se reconvertir dans la pistache. Mais ils ne seront pas prêts à alimenter le marché avant plusieurs années. 

Georges Pop

Des pistachiers en Californie. Les États-Unis sont le premier exportateur de pistaches, devant la Turquie et l’Iran.