Malgré la pandémie, Palexpo entrevoit un avenir radieux

L’annulation du salon de l’auto en 2020 a été un cataclysme pour Genève.
Comment l’avez-vous vécu ?

Gilles Marmy : Nous étions prêts pour ce grand événement. Les commandes avaient été passées pour nos services de restauration. Dès l’annonce de l’annulation, nous avons dû tout démonter. Aujourd’hui, si nous sommes déficitaires sur les deux derniers exercices, nous demeurons un acteur avec une assise solide. Nous avons traversé le désert en faisant le dos rond. Nous n’avons heureusement pas dû licencier même si nous avons dû recourir aux RHT pour bon nombre de nos 200 collaboratrices et collaborateurs. Des collaboratrices et collaborateurs très précieux, qui exercent 55 métiers différents, très spécifiques à notre activité.

Que s’est-il passé dans les halles depuis 2020 ?
G. M. : Nous avons poursuivi notre mission au service de l’État et de la communauté en accueillant par exemple les gardes-frontières, la protection civile, la Fondation Partage, et les différents corps de police lors du sommet Biden-Poutine. Plusieurs activités se sont déroulées également fin 2021 comme les Automnales et le Concours Hippique International de Genève, la rentrée des entreprises et des congrès médicaux mais également de nombreux salons internationaux tels que INDEX, Vitafood ou Gem Genève par exemple. 

Gilles Marmy. Photo : @ Pierre Albouy

Quel a été le succès pour les Automnales
et le concours hippique. Les visiteurs étaient-ils au rendez-vous ?

G. M. : Malgré une fréquentation moins importante en raison des normes sanitaires et des craintes de certains, nous avons pu constater avec les Automnales que les gens ont besoin de se retrouver, de déambuler dans les allées, de manger une fondue, d’acheter des petits cadeaux pour Noël. Ils se sentent à l’aise et en sécurité chez nous. Avec 25 m sous plafond, nous possédons les halles d’exposition les plus hautes d’Europe. Le volume est tel qu’il est bien moins dangereux de s’y promener que dans une gare. Quant au concours hippique, il a véhiculé énormément d’émotions.

Vous parlez d’émotion du public.
Est-elle plus palpable que par le passé ?

G. M. : Le concours hippique était très émotionnel. La liesse du public était sans commune mesure avec les années précédentes. On sentait une réelle vibration. Palexpo a tremblé comme quand Servette gagne. Cet événement a conforté mon optimisme. Nous sommes des animaux sociaux. Nous avons besoin de nous retrouver, de vivre ensemble. Exactement comme le Néandertal qui avait besoin de danser autour du feu. 

Comment voyez-vous l’avenir des salons à Genève ?
G. M. : Encore une fois avec beaucoup d’optimisme. Notre métier va peut-être changer. Vraisemblablement on se dirige vers plus de petits salons régionaux que vers des grands rendez-vous internationaux. Avec les tensions géopolitiques, l’Europe va se réindustrialiser. Les salons sont une vitrine. Ils sont en train d’évoluer pour certains vers une hybridation, avec une partie de visiteurs physiques et une partie en virtuel. Cela ne nous inquiète pas. Les exposants nous disent que même s’il y a moins de visiteurs, les affaires sont excellentes. 

Quels sont les prochains grands rendez-vous ?
G. M. : Notre marché est très porteur le printemps, notamment avec le salon de l’art, artgenève. Suivront Watches and Wonders Geneva, qui valide le rôle de Genève comme épicentre mondial de la haute horlogerie, et VITAFOODS EUROPE 2022 puis Ebace et EPHJ. Le salon du livre aura lieu à nouveau en ville mi-mai et le Salon des Inventions se fera à nouveau en ligne. Ces salons sont des rendez-vous très importants pour les professionnels. Toute une série d’autres salons sont également à l’agenda.

Quid du fameux salon de l’auto ?
G. M. : Il n’a pas lieu cette année, mais je suis convaincu qu’il reviendra. La mobilité évolue fortement. Au-delà des belles carrosseries, le public et les professionnels ont un réel besoin de faire le point sur les évolutions technologiques.

Propos recueillis par Manuella Magnin