Roland Ray a rejoint l’autre rive

La vie de Roland Ray n’a duré que 73 ans, mais elle a été si riche et si remplie, qu’en retracer les lignes n’est pas chose aisée!

Tout a commencé à Genève où il est né, et c’est à Versoix qu’il a passé toute son enfance. Discipliné par l’éducation que lui a donnée son père policier, il a été un élève zélé du Collège de Genève puis du Technicum.

Curieux d’élargir en permanence son horizon, c’est d’abord dans les années 60 en qualité d’huissier du Procureur Général qu’il a pris de l’envergure. Il a profité de cette expérience pour acquérir un savoir qui lui aura été utile durant toute sa carrière. C’est là-bas qu’il a notamment acquis l’entregent qui était le sien mais c’est également à ce poste qu’il a commencé à élargir le cercle relationnel qui lui a été si profitable par la suite. 

Parallèlement, à l’âge de 23 ans, il s’est engagé dans la vie politique en rejoignant la très importante section de la Jeunesse Radicale Progressiste. C’est là qu’il a participé à la création d’un Manifeste sur tous les grands sujets de l’époque. Ce Manifeste a d’ailleurs été débattu lors d’un congrès où le Conseiller Fédéral Celio ainsi que tous les maires, conseillers et notables de l’époque étaient présents. Sa passion pour le débat d’idées ne l’a d’ailleurs plus jamais quitté!

Cependant, Roland Ray n’était pas de ceux qu’on cantonne très longtemps à la même place et c’est ainsi qu’il s’est un peu plus tard dirigé vers l’édition. 

Quiconque a un tant soit peu connu Roland, ne peut pas douter une seule seconde que l’édition était le domaine qui lui collait le mieux à la peau. Tout dans ce métier était fait pour lui, et par réciprocité, tout en lui était parfaitement adapté à ce métier. 

Car enfin, où peut bien se trouver la place d’un homme qui s’intéresse à tout? Qui est curieux de tout? Qui lit la moindre ligne de la moindre publication qui passe sous ses yeux? Qui dévore les livres presque plus vite qu’il ne se les procure? Qui court les spectacles, qui adore le cinéma? Où peut bien se trouver la place d’un homme qui aime tant les voyages culturels, qui se passionne autant pour les églises baroques que pour l’art et la culture africaine?

Comment remplir la vie d’un homme insatiable de culture, qui se nourrit en permanence de ce qu’il entend, de ce qu’il lit, de ce qu’il voit… sans jamais être ni lassé, ni rassasié?

Où peut bien être la place d’un tel boulimique d’informations, sinon dans l’édition?

C’est ainsi qu’au fil du temps, il n’a cessé d’entreprendre. Il a créé: Dossiers publics, Avant Première, il a participé à l’essor du Journal de Genève. C’est lui qui est à l’origine de: Genève, l’Année économique et sociale, le Journal de l’Immobilier, Mardi de l’Emploi, des Quais de l’Immobilier. 

On lui doit plus tard Info Dimanche, Elle et Paris Match Suisse, mais aussi Banque et Finance, Hors Ligne, Heure Suisse, L’Année Horlogère et Babymag. 

Il a été durant 36 ans Régisseur de notre Journal, Le Cafetier. On ne collabore pas impunément aussi longtemps avec un homme, sans que cela ne laisse une marque indélébile. C’est en bonne partie grâce à lui que notre Journal a pu évoluer et s’adapter en permanence aux évolutions du temps et aux diverses situations conjoncturelles. Nous avons aimé travailler avec lui, nous avons aimé tous nos échanges même les plus musclés! De tout temps, Roland n’a jamais été aussi efficace que lorsque qu’il n’avait plus le temps! Il peinait parfois à trouver des solutions pendant des mois, et alors que l’échéance était imminente, il trouvait miraculeusement la clé!

Décidément, le Roland Ray que nous avons eu le bonheur de connaître nous apparaît toujours comme un phénomène! C’était un personnage Roland! Un personnage imposant. 

Quand il ne lisait pas, il prenait le temps de jouer au Golf, et aux cartes! Il prenait aussi des cours de diction et d’anglais! A part peut-être le saut à l’élastique, difficile de dire ce qu’il n’a pas eu envie d’apprendre?

Nous sommes extrêmement reconnaissants d’avoir fait un bout de chemin avec lui.  Chacun de nos rendez-vous avait quelque chose d’enthousiasmant. Nos échanges étaient parfois mouvementés, mais au bout du compte, son immense qualité d’écoute, sa passion pour le débat, sa curiosité, et pour finir, ses éclats de rire tonitruants, faisait de lui un homme qui ne laissait personne indifférent.

Nous ferons aujourd’hui le choix de la sagesse, serons reconnaissants de l’avoir eu à nos côtés pendant tout ce temps et accepterons ce qui est, même s’il nous manque déjà.

Nous adressons à son épouse Denise ainsi qu’à leurs deux enfants, notre profonde sympathie et nos sincères condoléances.

Laurent Terlinchamp

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