Un devoir pour tous
La sortie du tunnel semble proche. Avec les beaux jours, les clients retrouvent le chemin des terrasses. Et ce ne sont pas seulement les restaurateurs et leurs hôtes qui savourent ces moments attendus avec tant d’impatience, mais toute une chaîne de production en amont, qu’il s’agisse des primeurs, des producteurs de viande et volailles, des vignerons, des brasseurs, des blanchisseurs… Tout un monde interconnecté dans lequel chacun a besoin de l’autre pour vivre et participer à la santé et à la durabilité de l’économie locale.
A Genève, le Grand Conseil a voté fin avril un crédit de 3,7 millions de francs pour favoriser la consommation de produits régionaux et aider les vignerons et encaveurs. Le projet de loi soutenu à l’unanimité par les députés accorde une subvention de 2 750 000 francs aux producteurs locaux touchés par la crise économique ou par des mesures de lutte contre l’épidémie de coronavirus (COVID-19) et une subvention de 950 000 francs au fonds viti-vinicole. L’Etat met ainsi 2,75 millions de francs dans un mécanisme de bons subventionnés. Lorsqu’un client achète un bon en ligne à faire valoir chez un producteur local, il bénéficie d’un rabais de 20% avec un plafond maximal de CHF 300.– par offre. Le producteur reçoit de son côté une plus-value de 10%.
De telles initiatives fleurissent un peu partout en Suisse romande et elles ont du bon. Elles permettent de tisser des liens entre producteurs locaux et consommateurs, de sensibiliser la population à l’importance de la production locale.
Un exemple à suivre
La crise a révélé la fragilité de tous. La restauration a énormément souffert. Elle serait bien inspirée de se recentrer également sur le local comme les autorités incitent les particuliers à le faire par le biais de subventions.
Les producteurs ont besoin de ce coup de pouce de la part des professionnels des métiers de bouche qui jouent souvent le rôle de prescripteurs auprès de la population. Il suffit de se pencher sur les derniers chiffres de l’Office fédéral de l’agriculture relatifs à l’année viticole 2020 pour s’en convaincre. La consommation de vins en 2020 dans notre pays a reculé de 5,9%. Un fort recul qui s’explique par les restrictions imposées à tout le secteur HORECA pour lutter contre la pandémie de COVID-19. Malgré la baisse globale, la part de marché des vins helvètes est en légère hausse ce qui ne suffit pas à rassurer l’Interprofession de la vigne et des vins suisses qui se dit très préoccupée par la situation économique des entreprises viticoles suisses qui se dégrade.
Une initiative comme Le Mois du Goût à Genève du 16 septembre au 16 octobre prochain, qui invite les restaurateurs de la ville et du canton à mettre à l’honneur les producteurs locaux dans leurs établissements, serait peut-être un exemple à suivre partout dans le pays, tout au long de l’année pour donner à nos producteurs la place qu’ils méritent.
Manuella Magnin