La Brasserie de La Grue fait sa désalpe

Serrurier de formation, mais emporté par son impérieuse passion pour la bière, Martin Ecoffey a fondé en 2017 une improbable brasserie dans un chalet d’alpage, sur un flanc de la Dent-de-Lys, à 1363 mètres d’altitude. Dans ce lieu, mieux approprié à la fabrication du fromage de Gruyère qu’à celle de la mousse, le jeune homme, aujourd’hui âgé de 27 ans, a brassé à la force du poignet trois variétés d’une bière artisanale aux saveurs originales, qui n’a pas tardé a trouvé le chemin du succès. Pour satisfaire une demande croissante, il a fini par s’installer dans le village de Montbovon, quelque 500 mètres plus bas, sans pour autant renoncer à son alpage.
Au premier abord, Martin Ecoffey se distingue par ses allures de guerrier viking, avec la hache, le bouclier et la moue menaçante en moins. Lorsqu’on le lui fait remarquer, ce solide gaillard rit de bon cœur : « C’est vrai ! Des amis m’ont fait remarquer que je ressemblais à Ragnar Lodbrok, le héros de la série à succès “Vikings”. Comme je ne connaissais pas la série, je suis allé voir et je décide de coller encore plus au personnage », reconnaît-il, avant d’ajouter, avec un large sourire : « J’assume totalement » !

Une formation au QuébecContrairement à celles de son modèle guerrier, qui s’illustre par ses pillages et son tempérament belliqueux, les activités de Martin Ecoffey sont pacifiques. Depuis quatre ans, dans le chalet d’alpage où le brassage du malt et du houblon a succédé à la fabrication de fromage, il produit manuellement une bière dont les saveurs ont fini par convaincre un grand nombre d’amateurs de mousse. « J’ai eu le coup de foudre pour la bière dès que j’ai pu en boire. Au début, j’ai commencé par en produire en autodidacte, sans formation particulière. Et puis je suis parti au Québec, pour apprendre les ficelles du métier », explique-t-il.Actuellement, la brasserie de La Grue offre trois variétés de bière dite « des alpages » : la Nê (noir en patois) un stout à l’amertume discrète et aux notes subtiles de café ; la Fu (feu), une rousse qui séduit par son goût floral et fruitéet la Yâ (or), une blonde brassée au feu de bois, avec des malts et du houblon bios suisses. Toutes les trois sont disponibles dans une vingtaine de commerces du canton où, manifestement, elles partent comme des petits pains.



Une demande grandissante« Pour faire face à la demande, les installations du chalet sont trop rudimentaires. De plus, l’alpage est inaccessible en hiver. C’est pourquoi, cette année, je me suis installé à Montbovon. J’ai le projet de lancer une nouvelle gamme de bières artisanales, avec des malts et du houblon indigènes. Mais je n’ai pas l’intention d’abandonner l’alpage. Dès que ce sera possible, en été, j’y retournerai pour brasser à l’ancienne », explique le jeune brasseur.Si son dessein se réalise, Martin Ecoffey deviendra le seul brasseur du pays à vivre au rythme annuel de la montée à l’alpage, à la belle saison, puis de la désalpe, à la mauvaise, à l’instar des troupeaux et des armaillis de son pays natal.Georges Popwww.brasseriedelagrue.ch



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