Julien et Christian Dutruy représentent la quatrième génération d’un domaine viticole familial créé en 1917 par leur arrière-grand-père. Ils perpétuent la tradition et mettent en valeur leurs différents terroirs avec beaucoup de talent. En Terre Sainte, ils cultivent et vinifient 28 hectares auxquels s’est ajouté un petit domaine viticole de 2,5 hectares en Lavaux en 2021. Un rêve pour les deux frères qui ont fait leurs premières armes dans le Dézaley, poussés par leur père qui souhaitait qu’ils se frottent au travail de la vigne à la main. En 2026, le domaine de Lavaux, dont sont issues aujourd’hui 10 000 bouteilles de Chasselas, sera complété par un caveau de dégustation. Tout le domaine de La Côte est en bio et celui de Lavaux en reconversion. L’année 2024 n’a pas épargné les Frères Dutruy qui prévoient de mettre sur le marché quelque 200 000 bouteilles de leurs différents crus de La Côte. Alors, 2024, un millésime à oublier ? On a tendu le micro à Julien Dutruy.

Julien Dutruy, comment avez-vous vécu ce millésime 2024 ?Julien Dutruy : On est content que ce soit derrière, et on est fier de ce qu’on est arrivé à faire. Cela a nécessité beaucoup de travail, d’autant plus en bio. On a produit à peu près 20% de moins que les autres années et nous avons eu recours à 20% de main-d’œuvre en plus, en raison des nombreux traitements. En bio, nous utilisons des produits de contact qui sont rapidement lessivés par la pluie. Nous avons mis beaucoup d’énergie pour avoir de jolis crus. Heureusement, 2022 et 2023 ne nous ont pas causé les mêmes soucis et nous avons pris le parti de ne pas nous précipiter pour augmenter le prix de nos bouteilles, car l’an dernier nous avons dû le faire en raison des coûts des matières premières.
Quid des blancs et rosés estampillés 2024 ?
J. D. : Nous sommes franchement surpris en bien avec les blancs et les rosés. Nous avons eu certes beaucoup de pluie, mais les températures étaient tout de même assez chaudes. Ça se traduit par des raisins moins riches en alcool avec des arômes de fruits frais et de belles acidités. Sur les blancs et les rosés, c’est un millésime qui fera plaisir aux amateurs de vins élégants et qui plaît déjà beaucoup aux professionnels de la sommellerie. Il y a un côté tonique que l’on trouve dans les vins bio.
Et pour les rouges ?
J. D. : C’est un petit peu plus compliqué. Tout s’est joué pendant les deux semaines de macération. On a privilégié la carte de la fraîcheur et de la légèreté avec peu d’extraction. Donc, les rouges sont un peu moins concentrés, un peu plus légers qu’en 2022 et 2023. Ils sont à consommer un peu plus rapidement, peut-être aussi dans la tendance de ce que veut le marché aussi. Quoi qu’il en soit, nous avons de bonnes choses en cave. Et je suis certain que ceux qui ont bien travaillé à la vigne comme à la cave peuvent être satisfaits de leur millésime.
Manuella Magnin
