Parler à la mémoire, telle est l’ambition de la toute jeune brasserie qui produit trois bières d’exception.
Bien sûr, il eût été plus simple que le coronavirus n’impose point son grand lockdown à peine le printemps arrivé. La Brasserie de l’Abbaye de Saint-Maurice aurait pu présenter ses trois flacons aux amateurs de mousses de caractère au deuxième Salon suisse de la bière qui devait se tenir début avril au CERM de Martigny. Le public aurait sans nul doute été conquis. Mais disons-le sans ambages : malgré la pandémie, ces bières-là sauront convaincre car elles ont bien des atouts à faire valoir. Ambassadeur bien connu de la biérologie en Suisse, Yan Amstein y croit : « C’est un beau projet avec des produits d’une grande qualité qui sont chargés d’histoire ! »
Tout a commencé voici trois ans. Le chanoine Olivier Roduit, poussé par un confrère bavarois, décide de se lancer dans l’aventure après moult hésitations. Il faut dire que le Valais est plutôt connu pour sa tradition viticole. Mais la foi en ce nouveau projet a été plus forte. Une société anonyme est créée en mars 2019. Sa direction est confiée à Céline Darbellay, une jeune économiste fraîchement diplômée d’HEC Lausanne. Benjamin Levaux, ingénieur belge, s’attèle au brassage des bières. La gamme est composée de trois flacons : une bière d’abbaye, une bière blanche et une bière ambrée (voir encadré).
Fait unique en Suisse, la brasserie utilise des levures personnalisées provenant d’un parchemin de l’Abbaye datant de 1319 pour sa bière blanche. Et c’est dans une ancienne cave à vin de 1244 que la seule vraie bière d’abbaye de Suisse voit le jour.
Cette toute nouvelle activité brassicole devrait contribuer à la mise en valeur et au rayonnement de l’Abbaye et de son patrimoine historique de plus de 1500 ans. Les revenus espérés de la brasserie sont destinés à améliorer la situation financière délicate de l’Abbaye, à la soutenir dans la mise en œuvre de divers projets à caractère social, environnemental et culturel.
La brasserie emploie aujourd’hui trois équivalents plein temps avec une capacité de production de 720 000 bouteilles par an. Pour l’heure, on trouve ces bières dans les Coop de la région, au Fooby de Lausanne, dans quelques établissements de restauration et chez Amstein (www.amstein.ch), entre autres. Céline Darbellay souhaite aujourd’hui accroître la présence de ces divines mousses dans la restauration en Suisse romande et, pourquoi pas, en Suisse alémanique où l’Abbaye a bonne réputation.
M. M.
