Désamorcer les conflits intérieurs

Le Gin 27 est distillé en Appenzell.© Appenzeller Alpenbitter

Une ambiance toxique au travail peut avoir des conséquences terribles pour l’individu. Entre conflits larvés entre collègues et burn-out diagnostiqués,
les manageurs doivent prévenir les risques pour le bien de leurs affaires, mais surtout de leurs collègues.

«Pourquoi lui a toujours congé le samedi et pas moi? Pourquoi est-ce que je travaille plus que tout le monde?». De telles questions suscitent chez des employés des rancœurs, qui, quand elles sont récurrentes, peuvent miner le moral. Dans une équipe de travail, comme dans la vie, une mauvaise communication provoquera des malentendus, des jalousies, voire des conflits. Dans un contexte professionnel, une ambiance putride sera contreproductive. Le travail du manageur est donc non seulement de veiller à la bonne transmission des informations, mais aussi d’assurer à la qualité de l’ambiance de travail. Le constat est simple: quand les collaborateurs ne parviennent plus à s’entendre, leurs performances diminueront. La clientèle, elle-même, ressentira l’atmosphère pesante. Celle-ci aura des répercussions sur le capital sympathie de l’entreprise et donc sur le chiffre d’affaires. 

«Certaines personnes se sentent tellement mal à leur poste qu’elles en deviennent malades», explique Hildegard Abbet-Schaller, directrice de New perspectives coaching. Pour éviter d’en arriver à un stade critique, il suffit de réunir l’équipe autour d’une personne neutre. «En faisant réfléchir le team à ce que serait une bonne collaboration, on parvient à dissiper rapidement les conflits», assure la coach valaisanne. En se projetant dans un contexte porteur, l’équipe crée en effet elle-même son ambiance de travail, réaliste et efficace. Toutefois, il est encore des réticences à aller consulter un spécialiste pour tout ce qui concerne l’esprit. Quiconque aura des douleurs physiques n’hésitera pas longtemps à se rendre à l’hôpital ou chez un médecin. Si les grandes structures ont l’habitude de se tourner vers un coach,  les petites et moyennes entreprises ont, elles, parfois peur d’investir dans une séance ou deux. Pourtant, selon les calculs, il est plus rentable de chercher à évacuer les problèmes personnels, plutôt que d’embaucher et de former un collaborateur qui se retrouvera dans un contexte toujours aussi tendu. 
Jusqu’à la maladie
Une équipe mal équilibrée va contraindre certains employés à compenser et faire plus qu’ils ne peuvent endurer. Et quand perdure cette situation des plus stressantes, le risque de faire un burn-out est élevé. Constat cruel, «ce sont surtout les collaborateurs les plus motivés et les plus engagés qui sont touchés. Ils croient en l’entreprise et se donnent en entier», constate Emilia Hennard, conseillère chez Proitera. Les employés acceptent de multiplier les heures supplémentaires au détriment de leur propre équilibre. «Un coup de collier est acceptable quand il n’est  donné que pour un temps limité, estime Emilia Hennard, mais c’est le premier pas vers un épuisement professionnel». Une communication floue jouera également un rôle dans le malheur de l’employé. Entre les contrordres et les ordres qui ne sont pas quittancés, il aura le sentiment d’une situation hors de contrôle. Et pour peu que l’impossible lui soit demandé, à cause d’objectifs trop élevés ou de moyens limités, la maladie guettera. Le burn-out surviendra dans les cas les plus dramatiques. Elle relèvera alors de la psychiatrie. Il s’agira d’aider le malade à se délester de la pression accumulée et à se réapproprier graduellement ses propres limites. Un coach peut aider à reprendre un rythme de vie quotidienne, pour simplement se nourrir ou effectuer des tâches a priori basiques. «Les mises en garde de l’entourage privé et professionnel, les troubles du sommeil, avec des réveils matinaux à ruminer la journée à venir, sont autant de signaux à prendre en compte», rapporte  Emilia Hennard.
 
Benjamin Philippe