Entretien et fournitures: les écoproduits sont en vogue

Claude Rimlinger

Acheter de manière responsable est devenu un devoir moral, au gré des nouvelles catastrophes écologiques, humaines ou économiques. Réchauffement climatique, dégâts irrémédiables à notre écosystème: décider durable est devenu urgent. 

Le programme GastroBalance invite les établissements à revoir leur gestion de manière systémique, à passer tout processus à travers le filtre de la durabilité économique, écologique et humaine. Un moyen d’agir concrètement et de mesurer leur impact sur l’écosystème que nous partageons tous.
Dans le contexte de l’hygiène et des produits d’entretien, nous avons voulu savoir dans quelle mesure les romands achètent responsable. Claude Rimlinger, administrateur de la société Gaumann SA à St-Légier, nous a donné un éclairage. Portrait d’un marché en pleine mutation.

Monsieur Rimlinger, vous œuvrez depuis longtemps dans les fournitures et produits d’entretien pour la restauration et les collectivités. Quelle est la tendance du marché?
Prenons l’exemple du papier. Depuis sept ans environ, les clients achètent plus local, parfois désabusés par la qualité des produits low cost. Si le papier recyclé coûte cher en Suisse, d’autres papiers à bas prix, en provenance des pays de l’Est, proviennent d’usines désuètes et manquent de rigueur dans le traitement de la cellulose. Parmi nos clients, environ 60 à 70% achètent du papier de mon fournisseur suédois, les autres ont choisi une société suisse. Les produits fabriqués ici répondent à des normes plus dures, subissent davantage de contrôles, gage d’une meilleure qualité. La proximité est aussi prisée par les communes.

Les produits d’entretien traversent eux aussi une révolution écologique. Comment répondez-vous aux besoins des clients «verts»?
Nous offrons des savons Ecolabel, très concentrés. Notre fournisseur va très loin dans sa démarche écologique. En Suisse romande, ce type de produit a un franc succès, grâce au travail de sensibilisation des distributeurs.
Steinfels est l’une des plus anciennes marques suisses de produits de nettoyage, précurseur des produits écologiques. La durabilité est au centre de leurs préoccupations et leur ligne verte, rentabilisée depuis longtemps, est moins chère que les produits classiques de la gamme. Moins chers, les concurrents européens se débattent avec nos normes, à l’exception de l’Allemagne qui reste avantageuse.

La foule de produits chimiques et leurs risques sont un véritable défi…
Les clients achètent trop de produits différents, alors que quatre à cinq produits peuvent tout faire. Les risques sécuritaires liés aux produits chimiques sont réels et parfois aggravés par la diversité linguistique et culturelle des utilisateurs finaux. Par exemple, c’est un leurre de croire qu’un produit doive mousser pour être efficace. Aujourd’hui, les formules sont concentrées et agissent déjà à l’eau tiède. L’éducation du personnel est la clé.
Nous prenons le client en charge, avec un service autour des produits, des appareils fournis gratuitement. Ces détails comptent lors de la décision d’achat. Par exemple, nous proposons des plans de nettoyage complets. Cette approche globale du client est ce qui me motive au quotidien.

Les consommables recyclés jetables sont-ils durables?
Selon mes échanges avec les gros distributeurs, la consommation de jetable pourrait s’inverser. On retournera à la porcelaine ou au carton recyclé fabriqué en Europe, même si souillé, il devient un déchet. Il existe des copies carton très élégantes d’assiettes de grandes marques. La vaisselle en feuilles de palme provient du nettoyage des forêts, celle en canne à sucre provenant d’Asie est traitée chimiquement. Pourtant les ventes progressent. Les verres en amidon de pomme de terre sont chers, et impossible d’y servir une boisson chaude. Le plastique est souvent préféré, esthétique et pratique. Ce paradoxe écologique est un vrai débat de fond pour les différentes parties prenantes.

Sandy Métrailler