La prévoyance professionelle: un outil de management encore trop souvent méconnu

Cep blanc, Vignes de Breede Beek Pays-Bas.© photo Ruter

Face à l’intérêt grandissant des salariés pour leur caisse de pension, comment construire des solutions attractives et comment rassurer le collaborateur sur son futur et le libérer de tous soucis en cas de maladie, d’accident et de retraite pour renforcer aujourd’hui son implication et sa motivation.

Parmi les sujets abordés lors d’un entretien d’embauche, celui de la caisse de pension arrive en 3e position. Il n’y a pas si longtemps encore, ce sujet était peu ou pas abordé.
Le temps est révolu où la prévoyance professionnelle était perçue, au même titre que l’AVS, comme une assurance sociale obligatoire à laquelle il fallait cotiser pour ses vieux jours. Notre système social, tout comme la société dans son ensemble, doit faire face à de nombreux défis: le nombre croissant de pensionnés, l’allongement du versement des rentes et la faiblesse persistante des rendements à faible risque. Pour répondre à ces enjeux et à l’intérêt grandissant des salariés pour leur caisse de pension, l’entreprise doit rassurer ses collaborateurs.  
 
Définir ses objectifs
Certes, il existe une base obligatoire. Toutefois, l’employeur a tout le loisir de personnaliser sa politique sociale. Par exemple, dans le domaine de la prévoyance professionnelle, il sera amené à réfléchir à la mise en place d’un plan spécifique pour les cadres ou la direction, à la politique en termes de retraite anticipée, etc. D’autre part, la prévoyance professionnelle évolue sans cesse, chaque année apportant de nouvelles normes, règles ou prestations. Certaines sont contraignantes, d’autres au contraire apportent de nouvelles opportunités comme celles d’offrir à ses collaborateurs le choix entre plusieurs plans d’épargne, de favoriser la retraite  progressive, etc.Comme on le voit, les questions peuvent être multiples. Il est cependant indispensable d’y répondre préalablement avant toute autre démarche. En effet, les réponses dépendront fortement de l’environnement de l’entreprise: son secteur d’activité, sa taille, sa structure d’âges, sa structure des salaires, etc.
 
Fixer son budget
Chaque entreprise doit faire face à un budget fixe et incompressible correspondant au financement des assurances obligatoires. Ce coût plancher peut varier, selon les entreprises, dans une fourchette allant de 8% à 20% de la masse des salaires. Si les moyens de l’entreprise ne permettent pas d’aller au-delà de ce coût fixe, elle devra limiter sa politique sociale aux couvertures minimales légales. Le responsable de PME devra toutefois rester attentif à l’évolution des moyens. Si celle-ci est positive, il pourra dès lors adapter les couvertures sociales dans le sens de sa politique. Si le budget global est supérieur aux besoins légaux, il s’agira de déterminer comment affecter le solde (budget global moins budget légal) aux couvertures complémentaires afin de s’approcher au mieux de la politique sociale préalablement définie.
 
Évaluer les moyens à mettre en œuvre
Compte tenu du contexte légal, toute PME devrait posséder au moins une compétence dans le domaine des assurances sociales obligatoires, toutefois, il est recommandé de se faire assister. Le conseil doit non seulement être indépendant mais il doit aussi couvrir l’ensemble des trois domaines assurables: accident, maladie et prévoyance professionnelle.
 
Conclusion
Le chef d’entreprise ne peut pas rester passif face au système social. Il garde une certaine marge de manœuvre pour définir une politique sociale qui soit propre à son entreprise. Cette liberté présente toutefois des pièges qu’il convient d’éviter par une répartition judicieuse des couvertures entre les différentes assurances (obligatoires et facultatives) et les différents partenaires (Etat, Assureurs, Fondations de prévoyance). La politique sociale deviendra dès lors un véritable outil de dynamisation et de motivation pour l’entreprise et ses collaborateurs.

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Marc Baijot
Fondé de pouvoir
Actuaire-conseil
LPP Gestion SA