Le sans-fil met-il la santé en péril?

9.jpg

 

Devenu indispensable pour travailler, s’informer et gagner du temps, le wi-fi implique une exposition aux ondes, qui n’est peut-être pas sans risque. 
Etat des lieux à l’heure où les montres comme les fours et les réfrigérateurs se connectent sans y penser.

A Corcelles-Cormondrèche, dans le canton de Neuchâtel, des antennes de téléphonie ont été débranchées début janvier 2015 parce qu’un dépassement des normes prescrites par l’Ordonnance fédérale sur la protection contre le rayonnement non ionisant (Orni) avait été constaté. Les élèves de deux collèges s’en trouvaient affectés. Fin novembre 2014, la ville de Hambourg, en Allemagne, renonçait au Wi-fi dans les écoles. Celles-ci devaient pourtant s’équiper en matériel dernier cri: ordinateurs, tablettes et même tableaux numériques interactifs. La transmission des données par Wi-Fi engendrerait des fréquences extrêmement élevées de micro-ondes, c’est ce qui a motivé le gel du projet, outre une lettre ouverte d’une vingtaine de médecins du «groupe de travail médical sur les média numériques à Stuttgart». Et de rappeler que le progrès n’empêche ni la critique ni la prudence. 

Un futur Tchermobile?
Les conséquences visibles ou perceptibles de la présence de router ou de bornes Wi-fi vont des maux de tête à une augmentation de la surcharge de travail, en passant par un déficit accru de l’attention chez les élèves souffrant d’hyperactivité. Pire, l’ADN pourrait pâtir de l’exposition aux ondes, avec des conséquences sur la qualité du sperme, donc la fertilité, et sur les risques de développer un cancer. Il y a cinq ans a été utilisé pour la première fois le mot-valise «Tchermobile», associant la catastrophe de Tchernobyl qui avait provoqué un nombre ahurissant de cancers de la thyroïde et les natels «mobiles». Du reste, il est communément admis qu’il faut éviter de placer des appareils près du corps et les professionnels de la santé recommandent des distances minimales. Entre les partisans du Wi-fi et les plus craintifs, le débat se poursuit; les spécialistes se divisent toujours sur le risque sur la santé que représentent les ondes électromagnétiques. Jusqu’à aujourd’hui, aucune étude n’a apporté de réponse définitive sur la question. Jean Hêches, un réalisateur français, le rappelle dans son documentaire Ondes, science et manigances, projeté en Suisse romande dans divers villes dans le cadre du 10e festival du film vert.

Une hypersensibilité attestée
Discutée sinon contestée par les médecins, une nouvelle pathologie est cependant apparue: l’électro-hypersensibilité (EHS). En Suisse, comme en Europe, elle n’est toutefois par considérée comme une maladie. Au mieux, elle est perçue comme un trouble psychosomatique. L’Organisation mondiale de la santé admet pour sa part l’existence de symptômes et déplore le manque d’étude fiable. En Suisse, 1,5% de la population dit souffrir de cette électro-hypersensibilité. Les personnes dites EHS n’ont d’autres choix que d’éviter les zones sans fil et de recourir le moins possible au téléphone portable, smartphone ou non. Elles peuvent aussi simplement remplacer leur Wi-Fi par un câble. Une action politique est sans doute leur meilleur recours en cas d’implantation d’une antenne-relais près de chez elles. Parce que leur rayonnement serait également néfaste. Les ondes et leur dangerosité font partie des sujets de société à porter sur la place publique. Souvent, le principe de précaution prévaut, et comme à Hambourg, les pouvoirs publics accèdent à la volonté des électeurs, mais ne font pas les affaires des opérateurs de téléphonie. Le phénomène de saturation d’ondes a désormais un nom: l’électrosmog. Cette pollution place l’électro-sensibilité parmi les maladies environnementales, comme l’amiante et les pesticides. 

Arnold Kohler