L’hôtellerie suisse relève le défi

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Confrontée depuis le début de l’année à une baisse de fréquentation essentiellement due au franc fort, les hôteliers rivalisent d’ingéniosité pour lutter contre une concurrence acharnée et reconquérir leur clientèle.

Bien que diversement touchés, les établissements urbains sont un peu moins concernés dans la mesure où leur fréquentation repose davantage sur une clientèle asiatique, américaine ou moyen-orientale, le secteur touristique ne cesse d’enregistrer une baisse de chiffre d’affaire depuis 2013. L’abandon du taux plancher par la BNS face à l’euro en début d’année n’a fait qu’aggraver la situation, à tel point que de nombreux hôtels de montagne ont renoncé à ouvrir cet été. Face à ce constat, les milieux professionnels tentent de réagir et imaginent des stratégies spécifiques selon les trois types majeurs de clients: les ressortissants suisses, les européens et ceux d’origine plus lointaine avec pour chacun d’eux des offres sur mesure destinées soit à les attirer soit à les conserver.
La baisse des tarifs a dorénavant atteint ses limites et l’argument de la qualité de l’offre ne suffit plus à convaincre la clientèle. La branche doit se réinventer et innover pour se démarquer.

Des initiatives originales
La technologie offre aujourd’hui énormément de possibilités et Suisse Tourisme propose un site très complet, Le grand tour de Suisse qui permet de découvrir les quatre régions linguistiques, onze sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, mais également cinq cols des Alpes, vingt-deux lacs avec chaque fois un itinéraire proposé par thème, de la sortie familiale à la découverte de l’architecture ou encore des spécialités gastronomiques. Des promenades virtuelles à partir d’une ville ou du lieu d’entrée en Suisse permettent aux visiteurs de découvrir les paysages naturels ou urbains qu’ils retrouveront pendant leur séjour. Très bien renseigné sur tous les aspects pratiques de l’organisation de son voyage, l’internaute dispose d’un excellent outil très complet.
L’office du tourisme vaudois, quant à lui, a lancé une application qui permet la visite du canton sur mesure. Après l’avoir installée, il suffit de répondre à quelques questions telles que: «Etes-vous seul ou en famille?» – «Quels sont vos goûts personnels?», l’application proposera des suggestions de visites ou d’activités à proximité grâce à son système de géolocalisation. En fonction du temps, elle proposera même en cas de pluie des activités abritées puisqu’elle est connectée au service météo. Probablement la préfiguration du tourisme dans l’avenir qui permettra de satisfaire au mieux la clientèle.
A Verbier, dès cet hiver, les skieurs auront la possibilité de filmer leurs exploits grâce à un drone qui les suivra à une dizaine de mètres au-dessus d’eux, tandis que dans d’autres régions apparait le concept zéro étoile, l’idée consiste à proposer des chambres dans des abris atomiques à des prix défiants toute concurrence. La Riviera vaudoise, inspirée des compagnies aériennes low cost, a lancé une offensive astucieusement dénommée BNS – Bonne Nuit Suisse – qui consiste à proposer la troisième nuit à un franc ou encore à venir avec des amis qui bénéficient d’une réduction de 50%. Quant à ceux qui séjourneront deux nuits début 2016, ils pourront revenir l’année suivante gratuitement. Il s’agit d’inciter la clientèle suisse à prolonger son séjour, elle qui reste en moyenne 
1,8 nuit et qui représente plus d’un tiers des nuitées. Autant d’innovations qui visent à redresser un secteur en perte de vitesse.

Frédéric Finot