Parfaire le tableau de sa terrasse à son image

Plus de 80 000 visiteurs sont attendus fin novembre.© DR

La surface extérieure, comme la situation dans le quartier, est pour un café-restaurant, un facteur différenciant, indépendant; à l’inverse de sa décoration. Se doter d’un totem ou de mobilier, griffé ou non, est un choix qui peut favoriser l’adhésion des clients.

Les consommateurs réclament de la nouveauté en permanence, pour un établissement, jouer la carte de l’originalité est donc indispensable. «Le but est de trouver des choses pour se démarquer», déclare Mauro Petruzziello, co-fondateur d’Eleven Design. Au risque parfois d’être trop en avance sur les goûts de son époque. Il arrive en effet qu’il faille du temps pour digérer l’audace à l’achat. Un exemple: mis en avant il y a cinq ans, la «cascade de pots» que vend le magasin, retient plus particulièrement l’attention aujourd’hui. Certains produits décoratifs ne sont pas non plus des plus faciles à placer; notamment pour une question de volume. Un restaurateur préfèrera conserver en intérieur une table plutôt que de l’enlever pour habiller le coin d’une salle. L’aménagement est stratégique et s’inscrit sur du long terme, d’où un investissement au départ, quasi-obligatoire, et la conviction que son totem − vache, lion, visage ou lampe design− finira par s’imposer et rayonner. Afin d’assurer l’amortissement de l’objet d’art, tout en visant un prix d’achat accessible, il existe le polypropylène, qui nécessite très peu d’entretien et résiste à des températures allant de -20°C à 40°C. «Ce matériau ne jaunit pas avec la lumière», souligne Mauro Petruzziello. Le bois sculpté est, lui, forcément plus onéreux, exigeant un temps de travail supérieur. 

Du temps et du goût
C’est en chinant et en comparant opportunément les prix qu’on se rend compte que du mobilier Philippe Stark coûte parfois moins cher que celui de grands distributeurs. Le spécialiste du design en est persuadé, «il est toujours possible de trouver des couleurs et des formes qui plaisent aux consommateurs». Une ligne directrice revient fréquemment: que le mobilier soit chic et tendance, mais simple. Toute la question est d’avoir le temps de chercher. Héloïse Barbey, co-fondatrice de l’hôtel-restaurant La Maison d’Igor, à Morges, dans le canton de Vaud, avoue chercher sans cesse. «La décoration nous importe beaucoup, nous y mettons beaucoup de soin». Elle reconnaît disposer d’une marge de manœuvre flexible. «Les clients aiment bien le moderne, et l’ancien». Trouver le ton juste est par conséquent compliqué. Les conseillers existent pour simplifier la vie aux entrepreneurs affairés. «Chaque établissement à son style, dit Mauro Petruzziello, il ne faut ni dénaturer le projet, ni l’ambiance, mais garder la personnalité de l’hôtelier ou du restaurateur». 

Arnold Kohler