Une boisson thé-rapeutique

La boisson plurimillénaire a mis du temps à conquérir l’Europe, longtemps dans l’ombre des machines à café. S’il est connu que le thé comporte de la théine, ses vertus – et ses vices – sont aussi nombreux que ses variétés. Tour d’horizon de ses composants.

Une tasse ou un bol de thé n’est ni un simple plaisir d’esthète ni de la bête eau chaude vaguement parfumée. C’est au contraire une façon évidente et naturelle de se choyer et prendre soin de sa santé. Le thé est riche en vitamines (A, B, C, E, P et K) et en minéraux (potassium, fluor, phosphore, magnésium). La boisson venue d’Asie a un effet stimulant certain du fait de sa teneur en caféine (appelée aussi «théine» – on s’y retrouve), en quantité relative cependant. Le taux de cet alcaloïde sera plus ou moins élevé suivant le nombre de bourgeons et la saison de la récolte. Proportionnellement, et presque logiquement, le thé contient moins de cette substance organique que le café, il s’en trouve donc exempté de ses effets désagréables – aussi grâce à l’action des tanins que contient le thé. Ainsi, elle maintient en éveil sans exciter. Deux autres alcaloïdes sont contenus dans les feuilles de thé, en moindre quantité, la théophylline, qui dilate les veines et les artères coronaires (ce qui prodigue une sensation rafraîchissante au Sahel comme ailleurs) et, en très faible quantité toutefois, la théobromine qui explique le fort pouvoir diurétique de la boisson. 

Si toutes les sortes contiennent de la théanine, qui a un effet relaxant et qui préserve du stress physique et mental, trois sortes font particulièrement du bien à l’organisme: le thé vert, le thé blanc et le thé Oolong (bleu-vert) car elles sont peu ou prou fermentées. Ces thés cumulent les bienfaits grâce à des polyphénols antioxydants, tels que la catéchine. Le LDL-cholestérol (le «mauvais») et le risque d’arthrite diminuent, tandis que la densité osseuse sort renforcée. Le vieillissement de la peau est limité, les rides et ridules apparaissent moins vite et en moins grande quantité. Surtout, la catéchine a une action anticancéreuse notoire qui protège des cancers du sein, de la prostate, de l’estomac et du colon. D’ailleurs, des études sont actuellement menées sur des animaux, pour intégrer les polyphénols directement au traitement de ces maladies. 

Le seul reproche qu’on puisse faire au thé, c’est de ne pas faire guérir. Même quand il est accompagné de miel. La boisson est à consommer de toute façon avec modération parce que la caféine en grande quantité est fortement déconseillée. Plus spécifiquement, le thé vert est à ne pas consommer du tout par ceux qui ont des carences en fer ou des troubles du foie. De même le thé noir et le thé blanc peuvent, suivant la quantité, constiper ou troubler le sommeil. Les cardiaques s’abstiendront dans tous les cas. En fait, seul le thé rouge, le Rooibos, n’a pas d’effets secondaires. Non content de calmer les esprits, il contribue à lutter contre les insomnies. Attention, une règle d’or prévaut, une eau trop chaude annihile toutes les vertus. Vous en reprendrez bien une tasse?

Arnold Kohler