Une pink lady pour aider les boulangers

Comment augmenter les ventes des boulangeries et pâtisseries artisanales suisses? Une «fille en rose», Cordelia Hagi, leur proposera des solutions sortant du cadre, dans le cadre de la foire spécialisée FBK à Berne.

Il faut être créatif quand on est boulanger-pâtissier. Ou à tout le moins, il faut communiquer. Car un boulanger-pâtissier a beaucoup de choses nourrissantes ou succulentes à vendre. Les responsables de la branche Boulangers-Confiseurs suisses (la fédération SBC) ont l’air d’avoir trouvé la perle rare pour rebooster l’imagination de leurs membres. Elle s’appelle Cordelia Hagi, elle est connue comme le «loup rose» dans sa ville natale de Berne et elle se profile comme la spécialiste des chemins de traverse. A Berne, on l’appelle la Pink Lady, pour son amour du rose bonbon. Elle voit la vie en rose du haut jusques en bas. Et on la voit venir de loin, comme une sorte de chose toute rose. Une fois le sentiment de bizarrerie passé, on consulte sa liste de références longue comme le bras, qui comporte notamment La Poste, Raiffeisen, les CFF, Credit Suisse, Swisscom, Implenia et Novartis. Et dans le domaine nutritionnel, Bischofberger ou la Migros.

La fofolle est donc prise très au sérieux. Elle possède une société de conseil en communication et en publicité appelée think tank. Beaucoup de décideurs de haut niveau écoutent ses avis. Jusqu’ici, 1500 personnes. 80 firmes de 20 branches différentes ont déjà passé par ses ateliers de travail (une centaine en tout).

Boulangère à ses heures

En tout cas, ses premières expériences professionnelles, Cordelia Hagi les a faites dans la boulangerie-pâtisserie de son village natal. Sa mère veillait au grain, la serrait de près, l’empêchait de sortir: pas de bal du samedi soir, pour la jeune Cordelia. De surcroît, elle n’était pas bonne à l’école. Elle détourna donc ses énergies vers le business. Elle a pris un job après l’école et s’est sentie immédiatement la reine de la boulangerie qui l’avait embauchée. Elle trônait derrière sa caisse pour servir ses clients, leur vendant pains et petits pains, viennoiseries et pâtisseries. Elle prenait du plaisir à leur faire plaisir, encaissant au passage. Vive la vie pratique et foin d’études. Son début professionnel est une bonne nouvelle pour les métiers et l’apprentissage. Au milieu des années 1980, elle travaille dans l’imprimerie de son père à Berne et décide d’utiliser le marketing. Elle reprend officiellement l’imprimerie en 1999.

«Il était boulanger»

La Pink Lady semble avoir une clef de communication qui s’appelle stratégie et planification, culture d’entreprise et constitution d’équipes, management et changement. Et par-dessus tout ça: le marketing. Il faut inventer l’histoire à raconter, repérer les groupes cibles, créer un lien avec les clients au cours de campagnes sur les réseaux sociaux. Du classique. Dieu sait qu’il ne manque pas de produits à positionner en boulangerie-pâtisserie. Peut-être que la branche a besoin d’une bonne campagne de positionnement? Qu’on fasse savoir au client que son maître artisan boulanger et pâtissier lui est tout à fait indispensable, que l’Etat lui met beaucoup de bâtons dans la roues à coups de règlements et que, si son maître boulanger venait à disparaître à cause de ces chicanes, le client, lui, pourrait bien le regretter, amèrement.

André Versan