Bientôt des poissons de mer élevés en Suisse?

Le bouchon de liège reste le must chez les Grands Crus Classés © Markus Mainka

Amateurs de poissons et de fruits de mer, réjouissez-vous! Bientôt, crevettes et diverses variétés de poissons seront produites en Suisse.

Des poissons de mer au pied des montagnes, dans un aquarium géant, tel est le projet de la société Ocean Swiss Alpine Seafood, qui construit une ferme d’élevage de 24 000 m2, à Buttisholz, dans le canton de Lucerne. Le projet de 38 millions de francs a été approuvé par les autorités locales et l’élevage pourrait débuter en 2014, pour atteindre 1400 tonnes par an. La production totale de la pisciculture suisse est actuellement de 1700 tonnes.
Les consommateurs devraient trouver sur le marché les premiers bars, daurades ou maquereaux «made in Switzerland» à partir de 2016: il faut, en effet, un an pour que les poissons atteignent la taille portion, 300 à 400 grammes.
Coop a déjà signé avec Ocean Swiss un accord commercial l’engageant à se charger d’une partie de la production, sous diverses espèces. Le but avoué est d’engendrer un produit «typiquement suisse», avec le standard de qualité habituellement associé à ce label.
Produit de proximité, plus de 95% des poissons consommés en Suisse doivent accomplir un parcours moyen de 2200 km, avant d’atterrir dans les assiettes helvétiques.
En Suisse, plusieurs entreprises se lancent dans l’élevage de crevettes et de poissons de mer. Bientôt, daurades et maquereaux issus de la production locale devraient se retrouver sur nos étals…

Des précautions seront à prendre
OceanSwiss veut produire des daurades, des loups et des maquereaux, dans six bassins d’eau de mer, et reproduire l’écosystème marin en circuit fermé.
Tous misent sur un label swissness: SwissShrimp prévoit de produire, dans le Mitteland bernois, une tonne de crevettes blanches du Pacifique d’ici à 2015 et affirme que les crevettes sont ainsi plus croquantes et ont meilleur goût.
La farine de poisson sera remplacée par des granulés d’algues et aucun antibiotique ne devrait être utilisé pour ces élevages. Une autre société, l’OSAS, prévoit de produire 1000 tonnes de poissons de mer sans émettre de gaz à effet de serre.
Le WWF salue la décision de bannir farine de poisson et antibiotiques des élevages, estimant judicieux la création d’un nouveau label bio spécial à cet effet.
Mais un tel élevage en circuit fermé produit beaucoup de déchets, d’autant que le bar et la daurade vont atteindre une certaine taille. Et le prix de revient, avec le niveau des salaires suisses, pourra-t-il supporter la concurrence des éleveurs de Grèce, de Turquie ou d’Asie?
Souhaitons bonne chance à ces hardis entrepreneurs.

JF Ulysse

Photo: Bientôt les consommateurs trouveront des bars «made in Switzerland». / © DR