« La Frite de Madame Mérigot » Un livre à dévorer

Comment vous est venu l’idée de cet ouvrage et pourquoi ce choix de titre ?
Henri-Daniel Wibaut : C’est mon éditeur qui a eu l’idée de cet ouvrage. Spécialisées dans les livres scientifiques, les Presses polytechniques et universitaires romandes ont exprimé le souhait de publier quelque chose sur la gastronomie susceptible d’intéresser un large public. Nous avons pris le parti de sélectionner une cinquantaine de personnalités, événements rares et gravures pour interpeler les lecteurs. Quant au titre, il se veut un brin énigmatique, pour susciter la curiosité. Madame Mérigot, autrice en 1795 du premier livre de cuisine consacré à la pomme de terre, serait-elle la véritable inventrice de la frite ? On ne le saura sans doute jamais, comme on ne saura jamais qui a inventé l’œuf au plat… L’inventeur est bien souvent celui qui a couché une recette sur le papier en premier.

La Frite de Madame Mérigot et autres curiosités de la littérature gastronomique, Éditions 41 des Presses polytechniques et universitaires romandes, 2023.

D’où vous vient cette passion pour la gastronomie ?
H.-D. W. : Je suis bibliophile depuis très longtemps. J’aime dénicher des livres rares. J’ai également toujours eu beaucoup de plaisir à manger. J’ai développé la librairie Gastéréa avec mon épouse Tania Brasseur, qui a rédigé 3 livres, dont le dernier consacré à l’absinthe. 

Combien de livres peut-on trouver dans votre librairie ?
H.-D. W. : Plusieurs milliers en rayon et aussi dans ma cave. 

Quels sont les plus précieux ?
H.-D. W. : Les plus précieux sont bien évidemment les plus rares. Parmi le top du top, il y a ce manuscrit de Guillaume Apollinaire qui figure dans L’Heptaméron des gourmets ou Les Délices de la cuisine française, publié par Édouard Nignon en 1919.

J’ai pu l’acquérir lors d’une vente aux enchères. Je cherche en permanence les ouvrages rares et travaille beaucoup avec les bibliothèques. Les livres de cuisine sont en quelque sorte des documents historiques qui sont le reflet d’une époque, de même que les menus servis lors d’occasions spéciales ou pour des dîners de chefs d’États. 

Je possède d’ailleurs une série de menus servis lors de repas de la famille royale anglaise imprimés en très peu d’exemplaires puisqu’il n’y avait que 10 à 15 convives à table.

Qui sont vos clients ?
H.-D. W. : Je vends dans le monde entier. J’écoule par exemple plus de livres aux États-Unis qu’en Suisse. Mes clients sont des collectionneurs, des chefs, des amateurs de cuisine. Deux restaurateurs d’Osaka et un libraire de Tokyo me commandent régulièrement des ouvrages.

Votre librairie va bientôt déménager…
H.-D. W. : Effectivement. Je m’installe à l’île de Ré, mais ma passion pour les livres n’est pas près de s’arrêter et mes clients sauront toujours où me trouver.

M. M.