Alimentation saine: inciter au lieu de contraindre

Face à la pandémie ou au changement climatique, citoyennes et citoyens doivent impérativement changer leurs habitudes pour relever les défis sociétaux d’aujourd’hui. Mais comment y parvenir sans recourir à des mesures coercitives ? C’est tout l’enjeu des « nudges » en plein essor depuis une décennie. En opérant de petites modifications dans notre environnement, ces interventions visent à favoriser certains changements dans nos comportements, tout en préservant notre liberté de choix. Des labels incitatifs à la réorganisation de l’offre alimentaire dans une cafétéria, l’efficacité globale de ces interventions, encore peu évaluée, vient d’être démontrée par une équipe scientifique de l’Université de Genève (UNIGE). Ces résultats sont à découvrir dans les Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America. 

Développée par l’économiste américain Richard Thaler à la fin des années 2000, la théorie du « nudge » (ou « coup de coude » en français) part du principe que nos choix ne sont pas uniquement déterminés par notre capacité à raisonner en fonction de nos propres intérêts mais sont aussi influencés par certains biais cognitifs, tels que nos émotions, nos souvenirs, l’avis d’autrui ou la configuration de notre environnement direct. Jouer sur ces éléments peut ainsi s’avérer plus efficace qu’une interdiction ou une campagne de sensibilisation pour nous inciter à changer certains comportements, dans notre intérêt ou celui de la collectivité. 

Des plats sains en tête du menu
En sciences comportementales, les chercheurs/ses appellent cela « agir sur l’architecture de choix ». C’est par exemple le processus à l’œuvre lorsque, dans une cafétéria d’entreprise, les plats les plus sains sont volontairement placés en tête du menu, pour inciter les clients à choisir l’option la plus profitable pour leur santé. Mais sans pour autant porter atteinte à leur liberté. Ce type d’interventions suscite par conséquent un intérêt toujours plus important au sein de la communauté scientifique mais aussi auprès des pouvoirs publics.