Le Living Room, nouveau restaurant de l’Hôtel de la Paix

Après le Richemond et le Beau-Rivage, c’est au tour du prestigieux 5-étoiles du Quai du Mont-Blanc de rénover ses espaces.

Avec l’appellation «Living Room», l’anglomanie fait son grand retour. Est-elle jamais partie? Toujours est-il que le nouveau concept du restaurant, créé par l’architecte d’intérieur milanaise Barbara Casati, spécialisée dans le shiatsu, et la compagnie de design Crea International, société italienne basée également à Milan, mais possédant des bureaux à Rome et à Londres, mérite que l’on s’y arrête. Tout d’abord par le fait qu’il constitue un contraste fort avec le bâtiment, construit en 1865, abritant l’hôtel. Le style d’abord: lignes dépouillées, matériaux bruts, créent une atmosphère contemporaine peut-être un peu dérangeante dans ce lieu historique que la cheminée, le parquet d’époque en chêne et noyer et les grandes fenêtres tentent d’atténuer. Même si les artisans qui ont œuvré à ce renouvellement ont été choisis sur le volet et le mobilier créé sur mesure; même la noblesse des matériaux ne parviennent pas à gommer un certain malaise devant cette postmodernité peut-être un peu hors de propos. De plus, les hôtes désireux de prendre un en-cas, seront portés par l’ambiance sonore du fond musical (aujourd’hui playlist) sensé être adapté pour chaque moment de la journée. 

Le «Living Room»
Car ce nouvel espace a été conçu comme un lieu chaleureux où le restaurant-bar accueille les clients dès 6h30 et jusqu’à 22h dans les différents espaces aménagés, tous les jours. C’est un peu l’open space des bureaux adapté à l’hôtellerie. Au Living Room, on sert du petit-déjeuner au dîner, en passant par l’apéritif, bien sûr. Aussi, pour compléter l’offre, sera-t-il proposé à partir de février, l’Afternoon Tea à l’anglaise incluant une vaste sélection de thés… biologiques et de chocolats chauds de la maison Pascoët installée dans le lobby de l’hôtel. Les samedis et dimanches seront réservés au brunch à la carte. 

Pour celles et ceux qui souhaiteraient goûter les invitantes propositions du restaurant, sachez que c’est un chef sarde, Alessio Corda (marié à une Japonaise) qui vous les préparera. Ce chef globe-trotter a entamé sa carrière à Londres pour la poursuivre en Espagne, puis au Japon où est née sa passion pour la culture et la cuisine nippone. Il vous proposera des expériences culinaires innovantes résumant ses voyages gastronomiques (au Qatar, à Osaka puis à Okinawa où, durant trois ans et demi, il a été le chef des quatre restaurants du Ritz-Carlton local, son premier employeur à Doha): de l’Italie dont il est originaire, à l’Espagne, en passant par la Suisse; le tout travaillé selon la philosophie japonaise pour délivrer une cuisine créative à base de produits locaux. Peut-être créera-t-il un jour la «fondue au sushi au vinaigre balsamique». 

L’Hôtel de la Paix
La présence à quelques pas du Monument Brunswick n’a rien à voir avec le nom de l’Hôtel… La construction du bâtiment fut l’idée d’un promoteur français, le baron-ingénieur Henri du Bord (1810-1878), qui mandata en 1863 l’entrepreneur genevois Louis Favre (1826-1879). L’architecte Jean-Marie Gignoux (1815-1876) fut consulté pour établir les plans. Eugène Cavadini fut chargé de la direction du chantier. L’hôtel fut inauguré en 1862 sous le nom de «Grand Hôtel de la Paix».

C’est Jean-Marc Gignoux qui a décidé de donner à cette construction un style dérivé du néoclassicisme italien, qui s’exprime pleinement dans le lobby de l’hôtel en forme d’atrium carré avec ses colonnes de faux marbre. Héritier de la tradition des «grands» hôtels alors en vogue, le Grand Hôtel de la Paix est résolument moderne pour l’époque. Toutefois ses belles salles, que Pierre Taddeoli avait contribué à enrichir au moment de la construction, ont plusieurs fois changé d’aspect.

En 1864, le «maître d’hôtel» Jules Kohler fut engagé comme directeur. Après une quinzaine d’années de prospérité, l’établissement connut en 1884 une faillite retentissante; nouveau locataire, Frédéric Weber, redressa la situation en peu de temps. Il fit tant et si bien qu’une vingtaine d’années plus tard, en 1908, l’agrandissement de l’établissement s’imposa. C’est alors qu’il se porta acquéreur du bâtiment voisin (no 9 quai du Mont-Blanc), conçu en 1853 par Jean-Pierre Guillebaud pour le compte de la Société anonyme des Bergues. 

Ce qui fit sa renommée, ce fut «l’arbitrage de l’Alabama» du nom du navire britannique coulé par les Américains durant la Guerre de Sécession. C’est dans la salle aujourd’hui baptisée «Alabama» et qui a fait l’objet de la rénovation dont il est fait mention plus haut. Le soir du 7 septembre 1872 – date de la dernière séance à huis clos – se tint un grand dîner officiel à l’Hôtel de la Paix, offert aux membres du tribunal par le Conseil d’État de la République et canton de Genève.

En 1869 la famille Manz, qui investit alors dans l’hôtellerie, acquiert l’Hôtel de la Paix. Prévoyant des investissements importants, elle a transmis le 16 décembre 2016 la gestion de ce 5***** Luxe à «The Ritz-Carlton Hotel Company LLC». 

Lionel Marquis