C O N S O M M A T I O N
L’interdiction en France dès le 1er janvier de la vaisselle jetable dans la restauration rapide pour les repas pris sur place a fait grand bruit. Selon les estimations du Ministère de la transition écologique, cette mesure devrait permettre d’éviter de jeter 20 milliards de couverts, gobelets, assiettes et autres contenants à usage unique. Les grandes enseignes de restauration rapide, qui servent environ 6 milliards de repas par an dans 40 000 établissements, sont particulièrement ciblées par la loi qui s’applique aussi à la restauration collective.
Ailleurs en Europe et en Suisse, on n’en est pas encore là. Les collectivités publiques donnent cependant le la. Le Ministère britannique de l’environnement et de l’agriculture vient d’annoncer qu’il va interdire à partir d’octobre 2023 la vaisselle en plastique à usage unique en Angleterre.
Dans notre pays, il y a encore du pain sur la planche. Selon l’ONG internationale Oceancare, la Suisse est l’un des plus grands producteurs de déchets plastiques en Europe. Sur sol romand, après le canton du Jura et la ville de Genève, c’est le canton de Neuchâtel qui vient de franchir le pas en ce début d’année. La vaisselle en plastique à usage unique disparaît des manifestations se déroulant sur le domaine public cantonal et de celles qui sont subventionnées par l’État. Pour Gilles Marmy, ancien directeur d’exploitation à Palexpo, aujourd’hui aux commandes de la société Ecomanif SA, basée à Yverdon-les-Bains, le trend est là et va se poursuivre. Interview.
Ecomanif SA est le leader romand de la location de vaisselle réutilisable. Vous proposez du matériel en plastique, est-ce vraiment cohérent ?
Gilles Marmy : Pour la seule année 2022, notre vaisselle en location a permis d’épargner 200 tonnes de déchets. Il s’agit certes de plastique, mais réutilisable. Le plastique n’est pas un mauvais matériau en soi. Tout dépend de l’usage qu’on en fait. Notre vaisselle a une durée de vie moyenne de 10 ans. Quand elle est détériorée, elle part au recyclage. Elle sert à fabriquer de gros tuyaux dans le secteur sanitaire ou est revalorisée en énergie.
Quid de votre bilan carbone ?
G. M. : Quantis, société de conseil en développement durable, a analysé notre activité et est arrivée à la conclusion que notre offre est 2/3 plus performante que la vaisselle jetable malgré le transport jusqu’à Yverdon-les-Bains pour le lavage qui s’effectue dans des machines qui fonctionnent à l’énergie solaire. Nous n’avons par ailleurs qu’une camionnette pour la logistique de proximité. Tous les envois et retours sont effectués par La Poste ou par Planzer pour les plus gros volumes. Notre vaisselle est fabriquée en France et en Allemagne par des sociétés spécialisées dans l’injection plastique, et non en Chine.
Vous travaillez essentiellement pour des petites et grandes manifestations, mais aussi avec des privés…
G. M. : Effectivement, au-delà des grands festivals et manifestations, nous comptons également dans notre clientèle de plus petits événements comme les fêtes de clubs et les kermesses. Un des gros avantages de nos produits est la résistance à la casse, ce qui est particulièrement apprécié en termes de sécurité. Nous travaillons aussi avec des particuliers qui ont besoin de vaisselle pour des occasions spéciales et souhaitent s’épargner la corvée du lavage.
Comment voyez-vous l’avenir ?
G. M. : Nos activités vont continuer à se développer notamment en raison de la sensibilité pour le développement durable qui se matérialise de plus en plus dans les évolutions législatives.
Manuella Magnin
Ecomanif en bref
Depuis son lancement en 2010 avec la mise à disposition de gobelets réutilisables lors de la Coupe du monde de football dans la fan zone de la patinoire d’Yverdon-les-Bains, Ecomanif est devenue leader en Suisse romande dans la prévention de la production des déchets en proposant des solutions pour remplacer la vaisselle jetable par la mise à disposition d’ecovaisselle®.
En raison de la croissance de ses activités, Ecomanif SA, dont le capital-actions est détenu dans sa totalité par STRID SA, en mains des communes du Nord vaudois, est devenue indépendante au 1er janvier 2023. La société est dirigée par Gilles Marmy. Ecomanif SA emploie de 12 à 30 personnes selon les périodes de l’année. Elle donne des opportunités de travail à des personnes auxquelles la chance ne sourit pas forcément ailleurs.