Pour «Table Suisse», consommer c’est distribuer

Née en 2001 à Berne, l’association «Table Suisse», active aujourd’hui dans onze régions suisses, a distribué en 2015 pour plus de 28 millions de francs de denrées alimentaires à 484 institutions sociales. 

Ces 28,2 millions de francs, c’est la valeur des 4,321 tonnes de nourriture distribuée à quelque 484 institutions sociales, comme des soupes populaires, des centres de distribution de nourriture, des œuvres d’entraide, des ateliers pour les chômeurs ou pour les personnes en difficulté, ainsi que les requérants d’asile. Ces 28,2 millions de francs distribués en 2015, 
c’est également 17,1 tonnes de nourriture de qualité irréprochable distribuées chaque jour grâce à 38 camions frigorifiques en circulation quotidiennement et à 
14 salariés, assistés par un nombre élevé de bénévoles ou de personnes en réinsertion. Du côté des partenaires, qui sont également financiers, on trouve la Coop, la Migros, Schindler SA, le Crédit Suisse, etc.

«Table Suisse» qu’est-ce?
«Table Suisse» est un projet de la fondation Espoir pour personnes en détresse dont le siège se situe à Chiètres, dans le canton de Fribourg. Ce n’est pas un projet nouveau puisqu’il s’inspire de modèles existant aux Etats-Unis et à Berlin. La devise de «Table Suisse» est: récupérer – distribuer – nourrir. Récupérer: chaque jour «Table Suisse» récupère 17 tonnes de nourriture auprès des producteurs, grossistes et distributeurs. Distribuer: la distribution s’effectue journellement aux institutions sociales dont le but affiché est de venir en aide aux personnes démunies. Elle porte sur de la nourriture dont la date de vente, mais non de consommation, est arrivée à péremption. Elle est donc de qualité irréprochable et peut encore être réutilisée. Nourrir: ainsi, les personnes nécessiteuses sont nourries par le biais d’institutions sociales clientes de «Table Suisse». 

L’association table donc sur le gaspillage alimentaire. Lequel a reculé, en 2015, de 1,3% par rapport à l’année dernière. Une prise de conscience qui touche tant la population que le commerce de détail et dont se réjouit Daniella Rondelli, directrice de «Table Suisse»: «Cette tendance est réjouissante. Cela dit, nous supposons que ce léger recul est également à imputer à la nouvelle datation des aliments». En effet, les produits alimentaires désormais munis de la mention «à consommer avant le…» restent sur les étagères jusqu’à la date prescrite au lieu de se voir distribués aux organisations d’aide alimentaire. Une tendance confirmée dans la variété des produits distribués: «Notre assortiment de nourriture est désormais moins diversifié. Nous livrons beaucoup moins de viande, de poisson, d’œufs et de produits laitiers». 

La pauvreté en Suisse
Selon une étude réalisée par BFS et publiée en juillet 2014, dans notre pays, une personne sur sept est menacée de pauvreté. La pauvreté est devenue une réalité en Suisse puisque le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale est en hausse de 2,7 %. Cependant, elle est vécue comme une honte, tant pour celui qui en est victime que pour le pays qui voit par là son image d’Eldorado des riches plus que légèrement écornée. Malgré ce bel optimisme de façade, cette pauvreté a des conséquences dramatiques pour les personnes concernées. D’où l’importance d’institutions comme «Table Suisse». Pour Daniela Rondelli, «Les chiffres ne seront bons que le jour où ces personnes n’auront plus besoin de nous». 

Lionel Marquis