AgriGenève: une femme présidente

Patricia Bidaux, une femme à la tête d’AgriGenève, est-ce une révolution ?
Patricia Bidaux : Une révolution non, mais une évolution sans doute. Je suis de fait la deuxième femme de Suisse à être élue à la tête d’une faîtière agricole. Cette fonction nécessite des compétences, un bon réseau et un réel engagement. Engagement que j’ai pu démontrer successivement à la présidence de la Coopérative de Soins Infirmiers, à celle d’Union des paysannes et femmes rurales genevoises, à ma-terre (Maison de l’Alimentation du Territoire de Genève) et encore aujourd’hui à la présidence de la commission technique GRTA.

Quels sont les grands défis auxquels doit faire face l’agriculture genevoise aujourd’hui ?
P. B. : Une des problématiques majeures est en lien direct avec le réchauffement climatique. Les pluies se font rares et ne sont plus suffisantes. Une motion portant sur un grand projet de réseau de distribution d’eau non traitée pour l’irrigation des cultures est sur la table du Grand Conseil. L’autre défi, c’est de parvenir à une meilleure reconnaissance de notre métier et de promouvoir la vente de nos produits.

Patricia Bidaux. Photos : © DR

La vente directe est en perte de vitesse, quelles solutions ?
P. B. : La vente directe a très bien fonctionné durant la pandémie. Les consommateurs ont depuis repris d’autres habitudes, ce que l’on ne peut que regretter. Peut-être qu’il faut prendre la question sous un autre angle. Je suis convaincue que le monde paysan dispose de solides compétences pour développer cette vente. Je pense par exemple à une plateforme informatique avec un service de livraison sur le canton, qui pourrait être en lien avec la marque de garantie GRTA.

Concernant GRTA, de plus en plus de restaurants de collectivités demandent à être labellisés. Quid de la restauration commerciale qui pourrait être un véritable porte-drapeau des produits labellisés auprès des consommateurs ?
P. B. : Effectivement, c’est une demande récurrente. Beaucoup de restaurateurs s’intéressent à identifier les produits GRTA sur leurs cartes ou leurs menus. Actuellement, ce n’est pas encore possible. Cette question est débattue au sein de la commission technique GRTA avec la volonté, qu’à terme, la restauration commerciale puisse valoriser la marque. Cela pose des problèmes de contrôles qui nécessitent de trouver le bon chemin et d’établir des règles ainsi qu’un cahier des charges. Le service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV) de Genève, qui passe régulièrement dans les restaurants, peut déjà effectuer certains contrôles, notamment en ce qui concerne la viande, grâce à des analyses génétiques. 

En juin prochain, le peuple genevois se prononcera sur le droit à l’alimentation pour tous, une loi ancrée dans la Constitution à laquelle vous êtes particulièrement attachée…
P. B. : Effectivement. L’accès à l’alimentation est un droit fondamental qui doit être garanti pour tous. C’est l’objectif de cette modification constitutionnelle qui vise à mettre toute personne à l’abri de la faim. Ce nouveau droit est pensé comme un équivalent à l’art. 38 sur le droit au logement. Je ne peux que m’engager pour cela et pour une alimentation de qualité, composée de produits de l’agriculture genevoise.

Propos recueillis par
Manuella Magnin

www.agrigeneve.ch