On connaissait le canton pour ses vins. Mais depuis quelques années, se développe aussi l’industrie de la bière, qui se veut à circuit court et écologique.
On la trouve au bout d’un hangar qui sent encore le bois, tant il est neuf. Il a à peine trois mois. Inséré dans le village de Soral, bien que situé à l’écart de l’habitat, on le rejoint par la contre-route qui serpente en direction de Lully. C’est là que se trouve la nouvelle «microbrasserie artisanale», la Brasserie du Père Jakob. Ce nom, c’est Fabien Claret qui l’a trouvé, au cours d’une soirée. Mais il lui a fallu convaincre son complice, Stefan Jakob. Ce sont eux deux les créateurs de cette nouvelle bière. Ce dernier, qui a passé une partie de son enfance à Cartigny, a effectué un apprentissage de brasseur après une expérience professionnelle dans la parfumerie et les arômes. C’est l’expérience. Fabien Claret, le soralien, a apporté fonds et locaux. Pour les locaux, c’est simple, il a utilisé d’abord la maison familiale avant d’emménager il y a trois mois dans une partie du hangar coopératif agricole né d’un projet commun avec sept agriculteurs. Les deux associés sont des amis de longue date; ils se sont connus au Cycle du Vuillonnex, à Bernex.
Une bière presque 100 % genevoise
Cela fait maintenant six ans que la bière du Père Jakob existe. Cette année, c’est 90 à 100 000 litres qui sortent des huit cuves – six de 2000 litres et deux de 1000 – à peine 0,2 à 0,3% de la consommation genevoise. Au départ, c’était seulement 10 000 litres. Leur clientèle? Les amateurs de bière indigène; même si celle qui sort des cuves du Père Jakob n’est pas à 100 % indigène, puisque les céréales nécessaires à sa fabrication sont allemandes et le houblon alsacien ou allemand. Un choix imposé pour des raisons simples: le houblon suisse étant monovariétal, il offre de moins grandes possibilités gustatives, ce qui n’est pas le cas du houblon allemand cultivé également dans sa variété brune. Cependant, nos deux amis souhaitent que dans les deux ans à venir soit installée une malterie pour produire une bière 100% genevoise, dont les drêches (restes de malt, riches en fibres et en protéines) serviront à nourrir les bœufs. Actuellement, ils sont donnés aux vaches laitières qui, grâce à cet aliment, produisent plus de lait.
La fête à la bière
Dans la nouvelle brasserie du chemin des Effeuilles à Soral, sort, pour chaque dégustation des vendredis et samedis soir, une bière différente: blonde, blanche ou ambrée, déclinée aux fruits, aux prunes, ou autre et qui font les délices d’une clientèle venue là attirée par le bouche à oreille. Des bières de la famille «lager» produites par les cuves du Père Jakob; dont la fermentation ne dépasse pas les 10o pour plus de finesse, plus de légèreté en alcoolémie et surtout plus agréable à boire sur la durée. Un type de bière qui convient parfaitement pour cette occasion qui attire chaque fois jusqu’à 200 personnes. Pour 500 à 600 bouteilles vendues par week-end. Et ce n’est pas tout! En juillet 2015, un grand rendez-vous brasseur a été organisé, le Biergarten. Il a attiré plus de 2000 personnes sur les quatre jours qu’a duré la fête, inspirée par le même genre de manifestation, mais allemande. Versées dans des verres de 5 dl, toutes sortes de bières, brassées sur place, bien sûr, sont dégustées. Et pour distraire les présents, une animation musicale est proposée (la programmation de 2015 était presque entièrement composée de groupes genevois).
Lionel Marquis
Photo:©DR