La Belle au Bois Dormant

Le célèbre château d’Yvorne, qui règne sur 8 hectares de vignoble, renaît grâce à une initiative privée. 

Cyril Zoller, Genevois de naissance mais Aiglon d’adoption (il est président de l’AJA, l’association de la Jeunesse Aiglone), et David Berger, Vaudois (d’origine jurassienne) et chef de l’Auberge du Pont-de-Nant (à 10 km de Bex, au pied du Grand Muveran), avec sa femme Sylvie, ont mis la main à la pâte. 

Deux carrures et cinq ateliers
Le sieur Zoller, on ne le présente plus. Membre du conseil municipal d’Aigle, il est actif dans la défense du patrimoine de sa région. On se souvient de lui comme le créateur des Saint-Sapholies, ces fêtes endiablées de juin qui mettaient le Lavaux en fête le temps d’un week-end. Malheureusement après deux années de faste, une interruption dans la programmation s’est imposée afin de réfléchir à une prochaine édition encore plus conviviale et populaire. Son compère, David Berger, a décroché la lune en obtenant pour son restaurant cité plus haut 14/20 chez Gault&Millau. 

Grâce à son expérience, il propose un atelier de cuisine à tous ceux qui sont intéressés. Celui-ci côtoie l’Atelier œnologique. Car le 24 novembre 2016, le domaine «Château Maison Blanche» a remporté la deuxième édition de la très réputée compétition «Chablais Wine Award». Elle a sacré à Aigle, devant 300 personnes et parmi six vins de l’AOC Chablais, le Chasselas Château Maison Blanche 2015 Grand Cru Yvorne. D’une durée d’une à deux heures, cet atelier permet à tout personne intéressée d’améliorer ses connaissances, de déguster et de créer un vin. A noter que les vins de Château Maison Blanche ont reçu au fil des ans de nombreuses récompenses: Diplôme d’or à Expovina 2009; Médaille d’argent au Grand Prix du Vins Suisse, 2009 également; Diplôme d’argent à Expovina 2010 au Concours International des vins de Zürich; Médaille d’or à la Sélection des Vins vaudois, 2013; deux médailles d’argent en 2014 (Expovina et Sélection des vins vaudois).

Trois autres «activités» sont proposées. La visite de caves, tout d’abord, qui permet de découvrir celle de 1608 pour y déguster les crus d’exception qui y reposent. Les visites du patrimoine et du domaine sont faites pour les curieux avides de découvertes. «De la vigne à la cave», selon les nouveaux standards oenotouristiques du canton. 

Plus insolite, l’atelier floral permet à tout un chacun de créer et d’appliquer ses idées en matière d’arrangement floral. Et enfin, presque indispensable, le cours d’expression végétale. Il est donné par Marie Hess-Boson, détentrice du brevet fédéral de fleuriste. Elle est active aussi bien au Japon qu’en Russie. A cette occasion, elle est assistée d’une fleuriste indépendante, Lysianne Delfosse.

Un terroir unique en son genre

Les huit hectares de vignobles en terrasses et en forme de poire produisent annuellement et depuis une centaine d’années de quoi remplir 80’000 bouteilles… dont 85% de cépage blanc, Chasselas et Savagnin, ainsi qu’un assemblage rouge (Pinot Noir, Gamay, Gamaret, Garanoir et Diolinoir) pour environ 1’500 bouteilles. 
C’est l’éboulement de 1584 qui a permis cela en déplaçant d’immenses masses de roches qui ont formé un patchwork d’une grande complexité. Le sol très graveleux et composé à 70% de cailloux est mêlé à des alluvions riches en sédiments résultant de l’érosion de roches alpestres. C’est cette spécificité, alliée à des dépôts alluvionnaires de quelque 400 ans, qui confère aux crus du Château Maison Blanche sa personnalité si particulière.

Un château qui n’en n’est pas un
C’est en 1573 qu’Antoine d’Erlach et son frère décident d’ériger une «Maison Blanche» à l’écart de la bourgade qu’est alors Yvorne. L’éboulement de 1584 épargne la demeure qui, en 1609, se voit l’objet d’attentions: un nouveau toit lui est donné et ses murs sont consolidés. Vers 1750 la «Maison Blanche» tombe dans l’escarcelle de Frédéric Würstenberger, ci-devant gouverneur d’Aigle, et reste dans sa famille jusqu’à la fin du 18e siècle. Un siècle plus tard, par l’adjonction d’un donjon et d’un clocheton, le domaine gagne le nom de «Château Maison Blanche», avant d’être acquis dans les années 1930 par les familles rolloises vigneronnes Schenk et Rosset qui consacrent le domaine à la viticulture. 

Lionel Marquis