« Papaille » annonce la fin des pailles à usage unique

Une centaine de cafetiers et restaurateurs romands s’affichent déjà sur la carte que publie « En Vert Et Contre Tout », un site Internet né en 2017 à Neuchâtel avec pour objectif de sensibiliser ses visiteurs aux thématiques de l’écologie et du développement durable. De Genève à Sion et de Bienne à Lausanne en passant par La Chaux-de-Fonds, tous ces restaurateurs ont un point commun : ils ont adhéré publiquement à l’opération « Papaille » et renoncé à l’usage de pailles en plastique dans leurs établissements, soit en les remplaçant par des pailles durables ou biodégradables, soit en suggérant à leurs clients de s’en passer et de consommer leurs boissons… à pleines lèvres.

Zéro budget mais de la détermination
« Et ce n’est là que la partie apparente, assure Leïla Rölli. De nombreux bars et cafés ont d’ores et déjà renoncé aux pailles jetables sans pour autant s’inscrire sur notre site qui doit d’ailleurs être encore mis à jour. Et puis plusieurs festivals nous ont rejoint, comme le Montreux Jazz, le Paléo à Nyon ou Festi’Neuch, près d’ici ». La voix, la fraîcheur et l’apparence juvénile de la journaliste et chroniqueuse de 37 ans, fondatrice du site « En Vert et Contre Tout » tranche avec sa détermination écologique sans faille. C’est elle qui en avril 2018 a lancé l’opération « Papaille » un peu comme on jette une bouteille à la mer. « Avec un budget zéro, tient-elle à préciser. J’ai même dû mettre de ma poche. Mais il me semblait important de sensibiliser les gens contre la pollution plastique. Et pour cela, les cafés sont un lieu idéal, car ils sont fréquentés par tous, adultes et enfants. »

Le bar et chocolaterie Crème Renversante de la famille Henchoz à La Chaux-de-Fonds fut l’une des premiers établissements à adhérer à « Papaille ». « Par conviction écologique », souligne Maude, la fille des fondateurs de l’établissement. « Ici, nous avons choisi des pailles lavables en inox, fournies par un grossiste de Neuchâtel. L’initiative a été bien accueillie par la quasi-totalité de nos clients. Quelques-uns au début ont fait une moue de dégoût. Quoi ? Boire avec une paille qui a déjà servi ? On leur a répliqué qu’ils buvaient bien dans une tasse ou dans un verre où d’autres avaient déjà bu (rires). Comme le reste de la vaisselle, elles sont soigneusement lavées… Nous avons même une sorte de cure-pipe  pour les récurer. » Après un bref silence, elle ajoute : « Nous aurions pu y renoncer complètement. Mais les pailles ont une utilité, par exemple pour certains clients handicapés ».

Chaque jour, un milliard de pailles en plastique
« Je ne suis pas en guerre contre les pailles », tient pour sa part à préciser Leïla Rölli. Elles ont leur utilité, notamment dans le milieu hospitalier. Mais il faut renoncer à celles à usage unique qui sont une source de pollution et qu’il n’est pas difficile de remplacer ». Il est vrai que désormais, nombre de distributeurs proposent des pailles en verre, en inox ou en silicone, des pailles mangeables ou en pâtes alimentaires etc. « Pour ma part, déclare l’initiatrice de « Papaille », ma préférence va aux pailles en bambou parce qu’elles sont solides, biodégradables et ont une longue durée de vie. En revanche il faut se méfier de certaines pailles mangeables importées d’Espagne qui contiennent des graisses animales. Le secteur est en pleine expansion, et certains cherchent uniquement à se faire de l’argent… »   

Concourir à la disparition des pailles en plastique à usage unique n’est pas un geste anodin, selon les défenseurs de l’environnement. 500 millions de pailles sont utilisées chaque jour rien qu’aux Etats-Unis et plus d’un milliard dans le monde. Beaucoup finissent dans les poubelles mais une quantité indénombrable achève sa course dans les cours d’eau, les océans et sur littoral. Comme le souligne en toutes lettres Leïla Rölli sur le site « En Vert et Contre Tout » : « Outre l’énergie nécessaire à la fabrication, au conditionnement, au transport et à la destruction des pailles en plastique, leur impact sur l’environnement est désastreux. Les pailles font partie des 10 objets en plastique les plus fréquemment retrouvés sur les rivages et, de par leur composition et leur forme, elles menacent directement la biodiversité et contribuent à la pollution des sols et des cours d’eau. »

Georges Pop

www.envertetcontretout.ch/papaille/