Smiling Gecko: le projet fou d’un Suisse au Cambodge

Depuis 2014, grâce au soutien de plusieurs institutions et grandes entreprises helvétiques de renom, il y développe avec ses partenaires locaux le campus-ONG Smiling Gecko. 

Les touristes y logent dans un magnifique hôtel de 34 chambres divisées en 17 bungalows sur pilotis, se délectent d’une fine cuisine élaborée avec les viandes, poissons, légumes et fruits produits sur les 150 hectares de ce vaste domaine. 

L’objectif de ce magnifique projet est de créer une communauté rurale locale fonctionnelle, capable d’exister de manière autosuffisante après un certain temps, de lutter contre l’exode rural, la faim et la pauvreté par le biais de l’éducation et de la formation professionnelle des jeunes Cambodgiens. 

Les effets de la guerre du Vietnam et du règne de terreur des Khmers rouges se font en effet encore sentir au Cambodge, l’un des pays les plus pauvres du monde. Smiling Gecko aide les enfants et leurs familles avec des mesures durables afin de leur permettre de façonner leur propre vie et ainsi de contribuer à une vie digne.

De retour d’un périple au Cambodge, nous avons tendu le micro à Jörg Bewersdorff, responsable de la communication de Smiling Gecko en Suisse.

Smiling Gecko est bien plus qu’un complexe haut de gamme pour touristes.
C’est un centre d’apprentissage pour la population locale. Avec des activités d’élevage, des cultures biologiques ainsi qu’une école destinée à quelque
460 enfants des villages environnants. Quelle est la finalité de ce projet 

Jörg Bewersdorff : Avec ce campus, l’ONG Smiling Gecko a créé le modèle d’une communauté rurale fonctionnelle. L’accent est mis principalement sur l’éducation des enfants et des jeunes adultes. Les produits artisanaux et agricoles issus du campus sont soit utilisés par la communauté elle-même, et notamment pour les clients de l’hôtel, soit commercialisés au niveau national.

Comment formez-vous vos employés ? 
J.B. : La formation des travailleurs est très compliquée. Une grande partie des équipes n’a pas suivi une formation scolaire traditionnelle et ne sait souvent ni lire ni écrire suffisamment bien. De plus, les employés ne comprennent pas comment ils peuvent apprendre des choses parce qu’ils n’ont pas bénéficié d’un véritable cursus scolaire qui leur aurait donné les clés de l’apprentissage. Nous les aidons à apprendre de leurs erreurs et répétons inlassablement les consignes.

L’école du campus.

Smiling Gecko bénéficie de nombreux soutiens de fondations, d’écoles, et d’entreprises en Suisse… 
J.B. : Nous recevons en effet un large éventail de soutiens. Une grande partie provient de dons de fondations et de quelques grands donateurs, ainsi que de nombreux dons privés. Dans le même temps, nous sommes également très doués pour attirer l’expertise des entreprises et des institutions pour le projet. Qu’il s’agisse d’universités et d’écoles techniques qui nous envoient leurs équipes pour résoudre des problèmes avec nous ou de grandes entreprises qui nous soutiennent dans nos projets de construction, par exemple.

L’objectif est-il de rendre le projet totalement autonome à terme ? Si oui, à quel horizon ? 
J.B. : Oui, l’idée de base est que le projet soit un jour autosuffisant. C’est pourquoi le terme « aide au développement » doit être pris au pied de la lettre dans notre cas. Dans le sens où nous ne faisons que poser les bases et guider les gens jusqu’à ce qu’ils acquièrent suffisamment de connaissances et d’expériences pour gérer le campus avec ses nombreuses petites entreprises et le complexe de manière indépendante. Il est un peu difficile de dire quand ce sera le cas, mais nous espérons 2030 plutôt que 2040.

Parmi les projets en cours, figure une Maison de la culture et de la musique. Quel objectif visez-vous au travers de cette maison ? 
J.B. : Dès le début du règne de terreur des Khmers rouges, la riche culture du Cambodge a été presque complètement réduite au silence. Mais les gens ont besoin de culture. Ils ont besoin de musique, de théâtre et de peinture. Et dès le plus jeune âge, car les capacités créatives sont déterminantes pour la rapidité et la flexibilité de la mise en réseau des différents domaines de connaissances dans le cerveau.

Nous avons donc décidé de créer la « Maison de la Culture et de la Musique » comme lieu où nos écoliers pourront développer leur créativité. Un lieu où ils trouveront enfin accès à la culture de leur pays et qui, avec ses nombreuses opportunités, est également ouvert aux artistes locaux.

Manuella Magnin

www.smilinggecko.ch