Face à la prolifération des foodtrucks et le manque de respect des règles d’hygiène les plus élémentaires, les cafetiers-restaurateurs de tous les cantons et leurs associations faitières se posent des questions.
Pas de licence requise, des investissements moindres au service de restauration bas de gamme, tels sont les raisons du succès des foodtrucks: 63, dans le seul canton de Genève (110 pour toute la France, en 2014!), se sont annoncés au Service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV).
A Genève, le chimiste cantonal Patrick Edder a visité le Geneva Street Food Fest: il dénonce de nombreux manquements à la réglementation sur les denrées alimentaires, et une vente de denrées à l’hygiène souvent trompeuse. Les tests opérés par la RTS arrivent à la même conclusion. Ces cantines roulantes ont fleuri en Suisse Romande, avec la bénédiction des autorités municipales. Ainsi, des contrôles, effectués lors de la Geneva Street Food Fest du 18 au 20 septembre, ont donné des résultats éloquents: plus de 60 % des foodtrucks contrôlés (26 sur 46) ne répondaient pas aux exigences légales et ont fait l’objet de procès-verbaux.
Certains contrevenaient au devoir d’annonce exigé par la législation fédérale, et on releva de nombreux manquements, avec moult problèmes liés à la propreté, ou à la qualité microbiologique des aliments, dont 35% s’avéraient non conformes: 12 échantillons contenaient trop de bactéries, signe d’une hygiène insuffisante, et deux d’entre eux ont été carrément déclarés impropres à la consommation.
Récemment, deux sœurs adolescentes ont consommé un poulet mayonnaise dans une sandwicherie de La Côte. Plus mal en point, la cadette a fini par rejoindre, en ambulance, les urgences de l’Hôpital de Nyon: elle était victime d’une intoxication alimentaire avec sévère déshydratation.
Leur mère apprend, surprise, que la loi sur les auberges et débits de boissons (LADB), ne s’applique pas à un établissement de moins de dix places: leurs gérants n’ont pas besoin d’une licence d’exploitation ni de suivre les cours de GastroVaud, notamment sur l’hygiène. Cela vaut également pour Neuchâtel et Genève.
On pourrait, si le gérant n’a pas de formation adéquate, l’assimiler à un traiteur et lui imposer, au moins, un cours de quatre jours, semblable au module «prescriptions d’hygiène» tel que dispensé, entre autres, par GastroVaud.
En plus d’une distorsion de la TVA qui pénalise les cafés restaurants, où certaines autorités situent-elles donc le sens d’une concurrence loyale?
JC Genoud-Prachex