111 vins suisses à déguster sans hésiter

Pierre Thomas, votre dernier ouvrage affiche une sélection de 111 vins. Pourquoi ce chiffre ?
Pierre Thomas : C’est le concept de cette collection des éditions emons: à Cologne qui compte déjà 400 titres. L’idée est de mettre en avant 111 produits ou lieux à ne pas manquer. Je suis ravi que ce nouvel ouvrage paraisse. Cela fait bien longtemps qu’il n’y avait plus de livre consacré aux vins suisses en librairie. Et la Suisse peut être flattée que des éditions allemandes aient décidé de faire un focus sur notre vignoble. Cet ouvrage est le 4e d’une série sur les vins. Les trois premiers se sont intéressés aux vignobles allemand, italien et autrichien. Nous arrivons donc avant la France !

Pierre Thomas, journaliste spécialisé dans le vin. ©François Wavre | Lundi13

Comment avez-vous travaillé pour dénicher ces 111 pépites ?
P. T. : J’ai travaillé par soustraction. Ce livre n’est pas un répertoire, mais une sélection. J’ai choisi de mettre en avant la multitude de cépages présents en Suisse ainsi que l’ensemble des régions viticoles et des méthodes de vinification. Si 27% du vignoble est planté en pinot noir et 25% en chasselas, 250 cépages sont recensés en Suisse. Les vrais cépages rares ne représentent que 4% de l’encépagement. J’ai voulu également mettre en lumière le dynamisme au sein du vignoble, avec un focus particulier sur les femmes et les jeunes qui sont aux commandes aujourd’hui. 

Les femmes sont partout. L’avenir du vin suisse passe-t-il par les femmes ?
P. T. : C’est avant tout un phénomène médiatique comme l’a relevé récemment le magazine Femina. Certes, il y a une montée des femmes dans le vignoble aujourd’hui, mais si l’on prend les 500 domaines d’une certaine importance qui permettent de faire vivre une famille dans notre pays, on compte à peine une cinquantaine de femmes à leur tête. Certaines partagent leur direction avec leurs pères, d’autres ont eu des fils qui prendront leur succession un jour.
DiVINes, le Salon suisse des vigneronnes, qui se tiendra à Rolle début novembre, mettra en lumière une quarantaine de professionnelles. Cela reste peu par rapport aux quelque 1500 caves qui embouteillent du vin dans notre pays.

A qui se destine ce livre ?
P. T. : Tant au public alémanique que romand, puisqu’il a été traduit en allemand également. Cet ouvrage devrait intéresser à la fois le grand public et les professionnels. J’ai choisi de mettre en lumière chaque fois une particularité liée à un vin en racontant l’histoire du flacon et les caractéristiques du contenu, tout en sortant des sentiers battus. 

On dit souvent que le vin suisse est cher. Cela se reflète-t-il dans votre livre ?
P. T. : Je n’ai pas choisi des vins chers. 70% des vins chroniqués dans cet ouvrage affichent un prix inférieur à 25 francs la bouteille ! Et ce sont des crus qui méritent le détour. En Bourgogne par exemple, à ce prix, on ne trouve que des vins que l’on n’a pas envie de boire ! Pour les amateurs de vin, la Suisse est véritablement un paradis. Les vins présents dans mon guide sont dignes des meilleurs au monde. 

Comment expliquer que nos vins soient peu connus à l’étranger ?
P. T. : La production en Suisse est peu importante en comparaison internationale. Et même pas autosuffisante, puisqu’il se boit en Suisse deux bouteilles de vins étrangers pour une seule bouteille de vin suisse. De plus, les prix du foncier et du travail engendrent des coûts plus importants qu’ailleurs. Nous ne pouvons pas faire des vins à 5 francs la bouteille.

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