Quand elle s’installe dans son deux-pièces genevois pour suivre ses cours de sciences politiques, Annick Jeanmairet se découvre une passion pour la cuisine. La promiscuité s’avère favoriser l’inspiration. Elle met à profit son expérience pour créer son émission Pique-Assiette, sur Léman Bleu au début et aujourd’hui diffusé sur la RTS, après avoir eu un coup de foudre pour le style de Jamie Oliver. Son concept qui consiste à tourner l’émission dans sa propre cuisine révolutionne le genre.
«Si ma grand-mère faisait des crêpes et des gaufres, c’est le chef anglais qui m’a tout appris, explique-t-elle. Son approche décontractée du quotidien m’a séduite.»
Poussée par l’envie de partager des recettes faciles à réaliser, abordables et démocratiques, elle a publié une dizaine de livres. Le prochain, intitulé Pique-assiette invite les chefs sera dans le même esprit. «Ces livres sont faits pour être utilisés, salis. Ils ne doivent pas rester sur une étagère.»
L’animatrice cuisine désormais avec des chefs de la région. Le défi qu’elle leur propose: s’adapter tout à la fois aux conditions de tournage et à la philosophie de l’émission. Il leur faut accepter de partager certains de leurs secrets et, parfois, surmonter leur nervosité. «En Suisse romande, il y a pléthore de chefs qui cuisinent bien, on est gâté à ce niveau-là», se réjouit-elle. Ainsi, à partir de janvier, la RTS diffusera 17 nouveaux épisodes.
Cuisinière heureuse, Annick Jeanmairet est la mère épanouie d’un petit garçon de deux ans. «Il passera son enfance à me voir cuisiner», s’amuse-t-elle. Pour lui, pas de petits pots tout prêts, mais des légumes frais. «On a de la chance d’avoir des saisons; c’est beau de pouvoir attendre les asperges printanières, les fraises… Il y a des saisons pour les poissons et le fromage aussi. C’est absurde d’être impatient.». Actuellement, la soupe de topinambours, les gnocchis à la courge et autres ravioles au potimarron se disputent les honneurs de sa table. Cette jeune quadragénaire est définitivement passionnée par la gastronomie. Son péché mignon, le vin. Foin des discours sur les accords complémentaires entre mets et vin. «L’essentiel est d’avoir deux choses très bonnes dans son assiette et dans son verre», dit-elle en riant. Une réflexion fidèle à son style, tout en simplicité.
Benjamin Philippe
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