Conférence de presse annuelle GastroSuisse, le 28 avril 2015 à Berne

Le secteur de l’hôtellerie-restauration est placé devant de nouveaux défis importants pour 2015 et doit se confronter à la fois au franc fort et au tourisme de la restauration. Des réformes s’imposent. 

Casimir Platzer, président de GastroSuisse a débuté la session par la présentation du nouveau directeur, Remo Fehlmann, qui a pris ses nouvelles fonctions le 2 mars. Il rappelle d’emblée que pour l’hôtellerie-restauration Suisse, l’année 2014 a été difficile, même si l’optimisme prédomine. Le souci principal vient de la mise en application du «oui» à l’initiative contre l’immigration de masse, acceptée par le peuple en février 2014, qui oblige à lutter pour continuer à recruter la main-d’œuvre nécessaire et éviter que le protectionnisme ne prenne le dessus. L’année 2015 a pourtant bien démarré, avec une certaine hausse sur les nuitées de réservation du premier trimestre, puis l’onde de choc du taux de change est arrivée, affectant tout le secteur et faisant encore davantage de la Suisse un îlot de cherté. La décision de la Banque nationale suisse du 15 janvier a eu pour conséquence de renchérir brutalement l’offre de 15 % à 20% et la branche appréhende déjà la saison d’été. 

Tourisme de restauration, une perte de valeur ajoutée 
Le tourisme d’achat et de restauration, de plus en plus tendance et à la hausse, demeure inquiétant pour les restaurateurs, qui se plaignent d’une baisse de leur chiffre d’affaire. Chaque année, six milliards de francs suisses sont dépensés hors des frontières. Ce ne sont pas moins de 36 % des Suisses qui fréquentent régulièrement des restaurants étrangers, surtout dans les régions limitrophes. La restauration suisse perd chaque année environ quatre milliards de francs suisses de valeur ajoutée, ce qui est énorme. La qualité du service, l’hospitalité ne suffisent plus, face à la concurrence internationale: il y a un défi conséquent à relever et des réformes à faire, car le secteur doit composer avec les coûts élevés de la Suisse, sans possibilité d’externalisation. C’est pourquoi GastroSuisse demande, avec ses partenaires, diverses mesures, notamment, pas de charges supplémentaires, un renforcement marketing pour les clients suisses, et des investissements dans la promotion du site économique pour la période 2016 à 2019. “Nous luttons en première ligne pour des prix concurrentiels et pour des prix à l’importation équitables” ajoute Casimir Platzer. 

Nouvelles tendances dans l’hébergement 
Remo Fehlmann, directeur de GastroSuisse, poursuit l’analyse en décryptant les nouvelles tendances en matière d’hébergement, qui nécessitent diversification et innovation dans l’offre. Les clients, disposant d’une expérience croissante du voyage, ont des exigences plus importantes, et réservent des séjours plus courts et plus fréquents, notamment grâce à internet. Le secteur de l’hôtellerie-restauration doit avoir un positionnement clair eu égard à la multitude d’offres, ainsi qu’un profilage et une orientation service très pointus. Afin de soutenir les établissements dans leur marketing et les rendre plus efficaces sur leurs sites en ligne, GastroSuisse propose différentes prestations de services et de soutien, notamment des séminaires intensifs. Il s’agit aussi de simplifier l’accès au financement, qui reste problématique pour les établissements; dans ce but et pour améliorer leur force de frappe, GastroSuisse collabore désormais avec la Société suisse de crédit hôtelier, pour élaborer des mesures appropriées. 

Tributaire des collaborateurs étrangers 
La mise en œuvre de l’initiative contre l’immigration de masse menace considérablement le secteur de l’hôtellerie-restauration, tributaire des travailleurs étrangers, développe Hannes Jaisli, directeur suppléant de GastroSuisse. Les collaborateurs du secteur viennent de l’étranger pour 52% (dont seulement un tiers constitue une main-d’œuvre permanente) et peuvent difficilement être remplacés par l’effectif national. D’où la nécessité de défendre le point de vue qu’un séjour pour une activité lucrative de moins de 12 mois ne constitue pas un cas d’immigration et ne doit donc pas être soumis aux contingents; et de soutenir tous les étrangers admis à titre provisoire ou titulaires d’autorisation de séjours de courte durée, pour qu’ils soient considérés comme des travailleurs en Suisse. GastroSuisse a pris les devants pour faciliter l’intégration de ces collaborateurs, ainsi que des débutants suisses, par un programme de formation continue efficace.

Nathalie Brignoli