Le salon suisse des Goûts et terroirs A une nouvelle tête

Didier Castella, reprendre la présidence du Salon suisse des goûts et terroirs, à Bulle, n’est-ce pas quelque part un cadeau empoisonné pour un élu cantonal dont l’agenda est déjà passablement chargé?  
D. C. : C’est avant tout un honneur, et l’occasion de prendre une fonction sur un thème qui me tient à cœur et qui permet aussi à Fribourg de se profiler au-delà des frontières cantonales, voire même internationales, avec une image très positive pour le Conseil d’Etat et pour le canton. Et puis, je l’avoue, c’est un plaisir pour moi car je suis un bon vivant, j’aime manger et déguster. 

Que le directeur fribourgeois de l’agriculture remplace son homologue valaisan, c’est finalement assez logique?
D. C. : Effectivement, l’idée est que je puisse faire jouer mon réseau, étant donné que je suis en contact avec mes collègues des autres cantons. Un des défis pour les Goûts et terroirs est d’avoir des invités de marque provenant des autres cantons suisses, mais aussi de l’étranger. C’est une des missions sur lesquelles je vais essayer de m’engager fortement. 

Justement, comment trouve-t-on ces hôtes étrangers?
D. C. : Par le biais de rencontres, parfois au fil du hasard, où l’on est amenés à discuter avec des gens qui habitent souvent en Suisse tout en ayant des commerces dédiés aux produits du terroir de leurs pays d’origine. L’idée est donc de trouver de tels partenaires pour pouvoir développer des stands avec des invités officiels étrangers. Ce n’est pas une obligation, certes, mais c’est un objectif.

Que comptez-vous apporter aux Goûts et terroirs en tant que président?
D. C. : De manière générale, les salons et les foires, on le sait, connaissent des difficultés. Ce qui a été fait aux Goûts et terroirs, en 20 ans, c’est assez extraordinaire parce que le succès n’a pas baissé. Bien au contraire. Donc, le but est de poursuivre sur cette lancée et c’est déjà un gros défi. J’ai une certaine humilité par rapport à tout ce qui a déjà été réalisé ici. J’ai plutôt l’habitude d’hériter de dossiers où les choses étaient dans une situation difficile. Là, j’en reprends un où tout va très bien. Pour moi, c’est une pression supplémentaire car il s’agit de ne pas décevoir et d’apporter des nouveautés, notamment en ouvrant encore plus le salon sur la partie alémanique.

On entend parfois dire que, par moments, cela devient pénible de déambuler à Espace Gruyère tant il y a de monde. Comment y remédier?
D. C. : En termes de succès, c’est vrai, nous sommes gentiment au maximum de notre capacité d’accueil. Alors, il faut déjà maintenir ce cap. Les possibilités d’extension physiques, je ne pense pas qu’elles existent. On pourrait éventuellement imaginer une extension de la durée du salon… 

Être trop gourmand, cela peut parfois aussi être dangereux?
D. C. : Le mot premier qui vient lorsque l’on parle des Goûts et terroirs, c’est « qualité » et ça doit rester notre moteur, avec des produits authentiques et une sélection très pointilleuse des stands. Tout le défi est de s’adapter en fonction de l’évolution du succès et des attentes de la population. C’est ce qui a fait notre force ces 20 dernières années; on ne doit pas perdre cette capacité d’adaptation.

Vos exposants sont en outre très fidèles, c’est plutôt bon signe?
D. C. : C’est vrai et on en est fiers. L’an dernier, nous avons d’ailleurs remercié les exposants – une quinzaine – qui ont fait les 20 éditions du salon. Nous leur en sommes très reconnaissants. C’est plus agréable d’avoir une liste d’attente que de devoir courir après les gens.

En tant que directeur fribourgeois de l’agriculture, vous avez tout de même à cœur de mettre en avant les produits de votre terroir?
D. C. : Le Conseil d’Etat – c’est l’un de ses objectifs – veut se positionner en leader de l’agroalimentaire en Suisse, avec évidemment toute une part de produits du terroir, AOP notamment, qui font la fierté des Fribourgeois. Avec également notre bénichon, connue au-delà de nos frontières, qui met en valeur le Gruyère, le Vacherin fribourgeois, la cuchaule, la poire à botzi, le jambon de la borne ou encore la crème double. C’est peut-être aussi cela qui fait une partie du succès de ce salon, c’est qu’on est dans une terre authentique, propice à ce genre d’événements.  

Implanter un Salon des goûts et terroirs à Bulle, c’était une évidence?
D. C. : Il y a 20 ans, c’était une sorte de cri du cœur contre la malbouffe. Les fondateurs de cet événement étaient des précurseurs, de vrais visionnaires, car à l’époque on parlait beaucoup moins de circuits courts pour les produits locaux. Ce qui fait le succès de notre manifestation, c’est entre autres cette évolution de la société où la qualité, la traçabilité et la sécurité de l’alimentation jouent un rôle primordial. En terre fribourgeoise, l’Etat y travaille avec des partenaires comme l’association Terroir Fribourg, qui vient de fêter ses 20 ans, ainsi que GastroFribourg, avec qui nous organisons une formation à l’Institut agricole de Grangeneuve pour permettre aux restaurateurs de mieux mettre en valeur nos produits régionaux. Enfin, ne l’oublions pas, nous avons la chance d’avoir des ambassadeurs tels que les grands chefs Alain Bächler et Pierrot Ayer. Frédérik Kondratowicz et de nombreux autres… 

Francis Granget

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